Ce 16 janvier s’est ouvert le procès en béatification du cardinal Cardijn, fondateur de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Mais quels arguments pourraient le faire déclarer bienheureux?
Ce qui vient en tête quand on évoque Joseph Cardijn, c’est avant tout son action sociale: la création de la JOC en 1924. Mais plus qu’un militant, c’était un prêtre amoureux de l’Eglise.
A l’époque, le clergé craint par-dessus tout de voir les ouvriers tomber sous l’influence du Parti Communiste. La création de la JOC permet donc à l’Eglise de conserver un ancrage fort chez les jeunes travailleurs. Issu d’un milieu populaire de Schaerbeek, le jeune abbé Cardijn voulait avant tout rapprocher les fils d’ouvriers de l’Eglise catholique.
Ordonné prêtre en 1906 par le cardinal Mercier, Joseph Cardijn avait été fait cardinal en 1965 par le pape Paul VI. Décédé deux ans plus tard à 84 ans, il est aujourd’hui enterré en l’église Notre-Dame de Laeken.
Si les travaux du tribunal n’ont commencé que jeudi passé, la réflexion est ancienne. En 1997, quelques militants de la JOC qui avaient connu Mgr Cardijn ont entamé une réflexion à l’occasion des trente ans de son décès. C’est ainsi que fut créée la Fondation Joseph Cardijn. Plus tard, les membres ont estimé le temps venu de lancer une enquête en vue d’une béatification. Et c’est le président de cette même fondation, M. Guy Tordeur, qui a été nommé "postulateur".
Ancien de la JOC, Guy Tordeur est aujourd’hui secrétaire fédéral de la CSC Bruxelloise. "On dit qu’une fois jociste, on le reste à vie". Pourtant, ce n’est pas l’action sociale qui séduit le plus ce militant syndical. "En premier lieu, c’était un homme d’Eglise; ses discours se terminaient généralement par une profession de foi en Jésus-Christ et en l’Eglise. A plusieurs reprises, il est aussi allé témoigner personnellement de sa fidélité aux différents papes."
Bien avant le concile Vatican II, Joseph Cardijn a mis en œuvre l’apostolat des laïcs. Une innovation pour cette époque marquée par le rôle central du prêtre. Son livre "Laïcs en première ligne", paru en 1963, approfondit cette idée de responsabilité des fidèles.
"Il voulait rapprocher l’Eglise et les jocistes, y compris dans l’année liturgique. Le Vendredi Saint, par exemple, il avait lancé une action selon laquelle les jocistes s’arrêtaient de travailler pour prier autour de la croix", explique Guy Tordeur.
M. B.