L’Occident toujours plus replié sur lui-même


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L’Occident toujours plus replié sur lui-même
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

immigration 3Le 19 janvier prochain, l'Eglise catholique célébrera la 100e journée mondiale du migrant et du réfugié. A cette occasion, le pape François appelle à passer d'une "culture du rejet" à une "culture de la rencontre". Malheureusement, l'actualité de ces derniers jours montre que les Etats occidentaux sont loin d'être prêts à faire ce pas.

Le 5 janvier, plus de 30.000 migrants africains clandestins ont manifesté à Tel-Aviv. Ils réclament un minimum de droits et protestent contre la politique israélienne d'immigration. Selon eux, les autorités refusent systématiquement d'examiner les demandes d'asile. Pire, une loi votée le 10 décembre dernier les autorisent à placer en détention les clandestins sans procès et jusqu'à un an.

Les 2 et 3 janvier derniers, plus de 1.000 migrants, dispersés dans plusieurs embarcations différentes à destination de l'Europe, ont été sauvés par la Marine militaire italienne. La plupart proviennent d'Egypte, d'Irak, du Pakistan et de Tunisie. Ceux-là ont eu plus de chance que les quelque 4.000 migrants qui ont péri en Méditerranée depuis quatre ans, selon des chiffres recueillis par des journalistes italiens.

Ces deux faits d'actualité montrent qu'il y a urgence à changer notre politique en matière d'immigration, comme le demande instamment le pape François dans son message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié du 19 janvier prochain. Malheureusement, comme le relève lui-même l'évêque de Rome, "à la solidarité et à l'accueil, aux gestes fraternels et de compréhension, s'opposent le refus, la discrimination, les trafics de l'exploitation, de la souffrance et de la mort".

immigration 2 "La barrière fait partie du problème, pas de la solution"

De fait, les Etats occidentaux ont aujourd'hui davantage tendance à construire des murs que des ponts. A l'image des Etats-Unis qui ont installé une clôture à la frontière mexicaine, Israël a achevé l'an dernier la construction d'une clôture électronique le long des 230 kilomètres de frontière avec l'Egypte, ce qui a permis de réduire pratiquement à néant le nombre d'entrées. L'Europe, quant à elle, n'a pas construit de murs physiques, mais a mis sur pied un nouveau système de surveillance, baptisé Eurosur et entré en vigueur en décembre dernier. Le but est de renforcer les contrôles aux frontières extérieures, terrestres et maritimes, de l'espace Schengen, afin de réduire le nombre de migrants qui entrent clandestinement dans l'Union.

Une stratégie que déplore François Crépeau, Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et des migrants. "La barrière fait partie du problème, pas de la solution", explique-t-il dans les colonnes de "La Libre Belgique". "On l’a démontré dans les années 30 avec la prohibition aux Etats-Unis. On a interdit l’alcool et toutes sortes de réseaux opaques et de mafias se sont créés", explique-t-il. "Pour la migration, on est toujours dans le mode blocage et on va essayer de hausser encore la barrière en se disant que plus on l’augmente, moins les gens viendront. Mais les gens viennent quand même."

"Il y a là un manque de générosité qui va nous revenir dans la figure", poursuit-il. "On ne se rend pas compte qu'on envoie un visage d'inhumanité et de refus à ces êtres humains qui sont ce que les Européens étaient en 1940, quand ils fuyaient l'Europe nazie."

Pascal ANDRE


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