De moins en moins de médecins acceptent de pratiquer des avortements. Une situation qui déplaît à certains milieux. Pour remédier à cela, le ministre PS Rachid Madrane a lancé une campagne pour redynamiser l’avortement en Belgique.
Le ministre bruxellois des affaires sociales Rachid Madrane a lancé hier la campagne "Avorter, c'est possible - Où, quand, comment?" Si cette campagne de promotion de l’avortement a été lancée par le ministre socialiste bruxellois, l’idée vient néanmoins du "Groupe d'Action des Centres Extra-Hospitaliers Pratiquant l'Avortement", une organisation qui effectue des IVG en dehors des hôpitaux.
Une des premières questions qui vient à l’esprit est de savoir si c’est bien le rôle des autorités publiques de promouvoir ce type d’initiative? Certes, dans notre pays, le recours à l’avortement est dépénalisé, mais chacun est libre d’agir selon sa conscience, à commencer par les médecins.
Or, il semble que ces derniers soient réticents à recourir à l’avortement. Précisons tout de suite que les motivations de ceux-ci ne sont pas nécessairement d’ordre moral. Mais c’est un fait: nombreux sont les praticiens qui refusent de pratiquer les avortements. Une situation qui inquiète donc le GACEHPA. "Plus de la moitié des 94 praticiens de notre groupe ont plus de 50 ans. Nous avons un problème de relève", remarque Katinka In 't Zandt, présidente de l’organisation.
Un ministre mal informé
Interviewé par l’agence Belga, le ministre régional s’inquiète que "ce droit est régulièrement remis en cause en Irlande, Chypre, Malte, en Pologne et en Hongrie." Il ajoute: "Il ne faudrait pas que notre pays, l'un des pionniers en la matière, fasse marche arrière."
Des propos étonnants, puisqu’en Belgique, la loi Lallemand-Michielsen du 3 avril 1990 précise bien que l’avortement n’est pas un droit, mais que sa pratique est juste dépénalisée. Autrement dit, on ne peut plus poursuivre en justice un médecin pratiquant un avortement.
Enfin, l’exemple de l’Irlande avancé par le ministre Madrane n’est pas non plus très porteur: l’avortement y a en effet été légalisé… le 30 juillet dernier. Parler de remise en cause après seulement six mois d’application d’une loi est léger et semble apparaître plus comme un argument qu'un prétexte pour justifier une position ambiguë. Il semble donc que le ministre Madrane ne soit pas très au courant de la situation.
Ce qui n’aidera absolument pas les 20.000 femmes confrontées au drame de l’avortement chaque année en Belgique.
M. B.