Présentée comme un bâtiment « high tech », la prison de Marche connaît déjà des ratés alors que les premiers détenus arriveront seulement dans deux semaines. Avant même l’ouverture, la CSC services publics menace, en effet, de partir en grève, déplorant un manque de formation du personnel concerné. Pour le syndicat, la prison n’est clairement pas opérationnelle en terme de sécurité.
On l’oublie souvent, mais la construction d’une prison représente une manne d’emplois pour la région sélectionnée. Les gardiens ne sont pas les seules personnes concernées. Il faut aussi assurer l’entretien des lieux, la blanchisserie, les cuisines, l’accueil des familles… Les tâches sont nombreuses dans ce microcosme de la société.
Cette réalité du milieu pénitentiaire, Anne-Marie Fortemps la connaît, puisqu’elle est aumônière en chef pour les prisons francophones. « Cette prison est en rupture avec les pénitenciers habituels. L’environnement est différent de ce qui est connu. Et il reste encore des déficiences à améliorer. » Dans ces conditions, elle conçoit que le personnel soit « inquiet ». En outre, « les personnes détenues vont se trouver dans un nouveau type de vision communautaire et cet apprentissage générera, lui aussi, des difficultés… »
De retour de l’inauguration, Mme Fortemps nous a confié avoir trouvé les nouvelles cellules « anxiogènes, sans aucun regard possible sur l’extérieur. En plus, les détenus auront moins de contact avec d’autres, puisque les douches et le téléphone se trouvent installés dans les cellules. » Si la technologie est performante, « l’isolement sera plus grand, dans ces cellules uniformes et dépersonnalisées ».
La visite des lieux, le 17 octobre, laisse l’aumônière face à un véritable questionnement.
Angélique Tasiaux