Le premier tour de la présidentielle a bien eu lieu à Madagascar le vendredi 25 octobre 2013. Dès les premiers résultats, des réactions ont surgi. Elles sont loin de converger dans le même sens.
Il est évident que le second tour de l’élection présidentielle, le 20 décembre prochain, mettra en duel Jean-Louis Robinson, le candidat de l’ex-président Marc Ravalomanana, et un des proches du président sortant de la transition: Andry Rajoelina. Il ne s’agit plus, cette fois-ci, d’un combat entre deux protagonistes, entre deux acteurs jouant héroïquement les rôles principaux, mais un combat entre deux adversaires. Ce sera un duel.
Le lundi 28 octobre, la Commission électorale nationale indépendante pour la Transition (Cenit) s’est prononcée sur l’état des votes recueillis, portant sur les 21,03% des 7,8 millions d’électeurs inscrits, avec un taux de participation de 54,78%. Jean-Louis Robinson semble avoir fait l’écart, avec ses 30,89%. Ses adversaires potentiels constituent toutefois un peloton de 4 candidats qui se détachent manifestement des 28 autres. Dans ce quatuor, comprenant les rivaux potentiels de l’actuel porteur du maillot jaune, il y a Hery Rajaonarimampianina (14,71%), Hajo Andrianarivelo (8,97%), Albert Camille Vital (6,07%), Edgard Razafindravahy (5,80%). S’ils pouvaient s’accorder sur une personne, leur score atteindrait 35,55%. L’écart avec leur concurrent n’est donc finalement que très étroit: seulement 4,66%, un chiffre qui avoisine ce qu’ont respectivement obtenu Roland Ratsiraka, Saraha Rabeharisoa et Joseph Martin Randriamampionona. Il suffirait donc que deux membres de ce trio fassent bloc, pour soutenir un finaliste, afin de renverser la situation.
Concrètement, un tel résultat et une telle analyse ne constituent manifestement pas la préoccupation de la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Ce qui intéresse ces observateurs ne concerne essentiellement que l’aspect technique du scrutin. Son bilan préliminaire déjà fort médiatisé est à comprendre dans ce sens. En fait, sa chef, Maria Muniz de Urquiza a dit le jour même de l’élection: "Tout se déroule dans le calme. Il n'y a pas de marque d'intimidation des votants, il n'y a pas de violence, il n'y pas de propagande politique. Les conditions pour des élections transparentes et fiables sont là... Il n'y a pas de problème majeur, sauf les personnes qui n'ont pas pu voter, ou le manque de matériel de vote... L'élection est très correcte. Il y a une volonté de transparence de la part de la Cenit. Il y a aussi un effort technique important que l'on a pu vérifier durant la préparation des votes".
Notons que les acteurs du premier tour et ceux du second ne constituent qu’une seule entité, malgré leur diversité. Il y a tout d’abord les candidats et les électeurs; mais aussi les organisateurs directs et indirects, comprenant le Cenit, le gouvernement d’union nationale, la communauté internationale, les instances juridiques compétentes, etc.
Toutes les réactions sur les résultats de ce premier tour d’élection sont à relativiser, comme il devrait en être autant pour le second tour. Mais on ne peut jamais les négliger dans la mesure où ils ont des impacts sur le bien commun ou les résultats des prochaines élections.
En tout cas, le fair-play ou le comportement sportif et loyal est toujours de mise dans ce genre de compétition qu’est la consultation électorale. Que ce qui perd le jeu sache attendre le prochain tournoi.
Guillaume Rakotonandratoniarivo