Si les Scouts ne font plus référence à Dieu dans la Loi et la Promesse scoutes, ils ne négligent pas pour autant l'épanouissement spirituel de leurs membres. La Fédération vient de publier un cahier à destination des animateurs spirituels, où la foi chrétienne n'apparaît que comme une proposition parmi tant d'autres.
En mars 2012, l'assemblée fédérale des "Scouts" s'était prononcée sur un nouveau texte de la Loi et de la Promesse scoutes. Principale nouveauté: le mot "Dieu" n'y figure plus. A l'époque, Jérôme Walmag, le président fédéral, avait expliqué que cette suppression ne remettait nullement en question la dimension spirituelle et religieuse du mouvement. Il faut plutôt y voir une façon de la servir avec plus de respect pour le cheminement chacun.
Preuve qu'elle accorde de l'importance à l'épanouissement spirituel de ses membres, la fédération vient de publier une nouvelle farde à destination des animateurs axée sur ce thème. Fruit du travail de réflexion de quelques personnes, dont Sophie Ducrotois, permanente pédagogique, ce cahier de 52 pages compte six chapitres, dont certains sont plus théoriques et d'autres plus pratiques.
Répondre aux questions fondamentales
Dans le chapitre consacré à l'animation spirituelle proprement dite, la fédération insiste sur le fait qu'il s'agit d'une démarche basée sur l'intuition et la relation, dont le but est d'aider le scout à répondre à quelques questions fondamentales: qui suis-je? Pourquoi suis-je ici? Comment faire la différence entre ce qui est bon et ce qui est mal? Pourquoi devrais-je être bon? Pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde? Quel est le sens et la finalité de ma vie?
Les auteurs de ce cahier rappelle également que l'animation spirituelle s'enracine dans le quotidien des activités scoutes – rassemblements, repas, constructions, services –, qu'elle se développe dans des animations spécifiques – jeux, ateliers, rencontres, veillées –, et qu'elle se vit et se fête dans des moments forts, tels que la Promesse. Dans le cahier intitulé "Cérémonies et célébrations scoutes", des pistes sont proposées pour construire une cérémonie de Promesse sur mesure, pour enrichir une journée de passage ou d'autres temps forts.
Conseils et outils
Certaines qualités sont évidemment nécessaire pour remplir le rôle d'animateur ou d'animatrice spirituel(le): accueillir les questions, les réflexions et les propositions qui vont dans le sens d'une recherche de sens, donner de l'importance à l'exemple de vie et proposer des modèles, écouter et observer, laisser de la place au silence, vivre et proposer des moments de réflexions, d'intériorité, des cérémonies et des célébrations, etc. L'animation spirituelle n'est en aucun cas une affaire de spécialistes, insistent les auteurs du cahier.
Mais comment sensibiliser des jeunes d'âges si différents à la dimension spirituelle de leur être? La Fédération n'a évidemment pas négligé cet aspect des choses et propose des idées d'activités, selon que l'on est animateur chez les Baladins, les Louveteaux, les Eclaireurs et les Pionniers. Elle rappelle également quelques règles pour animer un débat. Enfin, un recueil de citations pour entamer une discussion sur la vie, l'amour, la confiance, le bonheur ou d'autres thèmes importants est également téléchargeable sur le site www.lesscouts.be.
Cet outil vient s'ajouter au kit de formation pour les unités désireuses d'établir un partenariat avec les paroisses, au cahier relatif aux valeurs du mouvement scout, ainsi qu'aux fiches d'animation sensaction. Des outils qui sont tous téléchargeables ou consultables sur le site de la fédération.
"La spiritualité a sa place dans le scoutisme"
La lecture de ces différents documents montrent en tout cas que le catholicisme n'est plus la référence unique du mouvement scout dans notre pays. Celui-ci invite d'ailleurs chacun de ses membres à écouter ce que d'autres disent de la spiritualité avant de se positionner, et cela qu'ils soient croyants ou non. Elle rappelle toutefois que le mouvement a pour but de contribuer au développement des jeunes en les aidant à réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, sociales et spirituelles. "L'épanouissement spirituel est un objectif que nous proposons", insiste-t-elle. "Nous pensons que la vie intérieure est nécessaire et que la spiritualité a sa place dans le scoutisme."
Cela étant, il n'est pas question pour les Scouts d'accepter toutes les références religieuses et philosophiques. "Dans un projet qui ne viserait pas à faire grandir les jeunes avec les autres, de manière la plus autonome, en développant librement tous les domaines de leur personnalité, le scoutisme se perdrait", insiste la Fédération.
P. A.