L’annonce du décès d’Albert Jacquard a été rendue publique par son fils, ce jeudi 12 septembre. Généticien brillant, il a notamment travaillé auprès de l’OMS durant une douzaine d’années. Docteur Honoris Causa de l’Université catholique de Louvain, Albert Jacquard a participé plusieurs années au Comité consultatif national d’éthique en France. Forte personnalité, proche d’Edgar Morin et de Stéphane Hessel, Albert Jacquard laisse une empreinte humaniste.
Profondément marqué par le décès de son jeune frère, la vie d’Albert Jacquard a basculé avec ce drame. Il a livré ces souvenirs personnels dans une interview au journal Le Point, en juin 2012 : « Mon enfance s’est arrêtée à 9 ans à Lyon. C’était un 31 décembre, il faisait froid, il pleuvait, il y avait sans doute du verglas. Mon père conduisait. Les roues de la voiture se sont coincées dans un des rails du tramway. Et le tram est arrivé. Un choc de fin du monde. Mon plus jeune frère, 5 ans, a été tué sur le coup. Mes grands-parents paternels sont morts le lendemain. Moi, j’ai survécu. Je suis passé entre les mains des chirurgiens, qui ont fait ce qu’ils ont pu avec mon visage. Les miroirs du monde sont devenus mes ennemis intimes. ».
Un choix de société radical
Athée, le Français a renié son éducation catholique, faute d’avoir rencontré la foi. Il s’est engagé au côté des plus démunis, en acceptant la présidence de l’association « Droit au logement », dans la mouvance de l’abbé Pierre. « Je suis passé de l’indifférence au monde à l’engagement. J’essaie désormais d’être dans le camp de ceux qui réagissent. Ce n’est pas de la « fraternité », mais de la « solidarité ». La fraternité est subie, la solidarité est désirée. »
Auteur prolixe, Albert Jacquard est décédé à l’âge de 87 ans.
A. T.
Modifications le 16.09.13