Syrie: l’invérifiable évidence


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Syrie: l’invérifiable évidence
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Syrie-attaque-chimiqueLe ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, est convaincu que des armes chimiques ont été employées en Syrie. Il souhaite qu'une enquête soit menée par l'ONU pour savoir qui les a utilisées et dans quelle ampleur. Le Vatican veut aussi d'une telle enquête mais se montre plus prudent par ailleurs.

La crise en Syrie risque bien de s’aggraver après les images difficilement supportables qui ont fait mercredi le tour du monde, et qui ne laissent quasi aucun doute sur l'emploi d'armes chimiques contre des populations civiles, tuant indistinctement hommes, femmes et enfants. Et pourtant face à ces actes répugnants et d'une ampleur jamais atteinte jusqu'à maintenant, la communauté internationale reste toujours aussi interdite et impuissante. La Russie, alliée de Bachar el-Assad, a évoqué la possibilité d'une "provocation" dans le chef de l'opposition syrienne, entretenant ainsi l'inextricable jeu de la désinformation qui règne dans ce pays, et faisant planer l'impossibilité d'une vérification des faits par les inspecteurs de l'ONU.
Pour la Belgique, l'utilisation de ces armes chimiques ne fait aucun doute. Didier Reynders, le ministre des affaires étrangères, l'a explicitement déclaré jeudi, en marge d'une réunion au Caire. Mais le chef de la diplomatie belge ne dispose pas suffisamment d'informations pour déterminer l'auteur de ses attaques. Il souhaite donc, comme ses homologues anglais, allemand, américain et français qu'une enquête soit menée par des experts de l'ONU.

Ne pas envoyer d'armes

Une enquête que souhaite aussi le Vatican mais en étant plus nuancé. "Nous devons éclaircir les faits, car quel intérêt immédiat aurait le gouvernement de Damas à provoquer une telle tragédie, en sachant qu’il en sera de toute façon rendu directement coupable ? Comme dans les enquêtes pour homicide, il faut se demander: mais à qui profite vraiment ce genre de crime inhumain ?" a déclaré à Radio Vatican Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève.
Et quand bien même l’attaque chimique serait confirmée, Mgr Tomasi s'oppose à toute intervention militaire. "L’expérience nous a montré au Moyen-Orient, en Irak, en Afghanistan, que de telles interventions armées n’ont apporté aucun résultat constructif. Et donc le principe qu’avec la guerre on perd tout reste toujours valable."
L'observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies ne voit qu'une solution: reprendre le dialogue pour pouvoir arriver à la conférence de Genève 2, afin que les représentants de toutes les composantes de la société syrienne puissent être présents, exposer leurs points de vue, et ensemble créer une sorte de gouvernement de transition. "Pour atteindre cet objectif, aucune condition préalable ne doit être posée qui rende cette initiative impossible", explique le prélat qui a l'impression que la presse et les grands médias ne prennent pas en compte tous les éléments à la base de ce conflit. "Il faudrait donc partir du concept de citoyenneté, respecter chaque citoyen comme un citoyen du pays, et puis permettre que les identités religieuses, ethniques, politiques, puissent se développer dans un contexte de dialogue", a-t-il ajouté.
Mgr Tomasi a également rappelé qu'il fallait aussi "cesser d’envoyer des armes, tant à l’opposition qu’au gouvernement. Car ce n’est pas en livrant de nouvelles armes aux syriens que l’on crée les conditions de la paix".
Depuis 2011, le conflit syrien a fait plus de 100.000 morts, selon l'ONU.

P.G.

Catégorie : International

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