Avec une pointe d’accent qui ne trompe pas, un patronyme aux sonorités italiennes, le P. Livio Pegoraro est belge, la Belgique est son pays d’adoption. Le 25 août dernier, le religieux a fait des adieux émus à ses paroissiens de Charleroi Ville-Basse avant de poursuivre sa mission pastorale auprès des communautés étrangères à Paris.
Né en Italie, Livio Pegoraro aime notre pays, « c’est là que j’ai vécu la plus grande partie de ma vie, et là aussi que les rencontres m’ont le plus marqué, notamment au sein des communautés chrétiennes de Charleroi« . Mais dès la rentrée, c’est à Paris qu’il prendra la tête d’une paroisse du 18e arrondissement, dans un quartier proche de la gare du Nord. Ce n’est pas tout à fait un hasard si ce religieux scalabrinien devient curé de Saint-Bernard de la chapelle, une paroisse confiée par le diocèse de Paris aux Pères scalabriniens. Cette congrégation, née en Italie vers la fin du 19è, à l’époque des grandes migrations, avait pour vocation d’accompagner les immigrés italiens dans leur pays de destination. Actuellement, elle s’est ouverte à toute forme de mobilité humaine et aux questions interculturelles. « Cette paroisse est située au cœur de la Goutte d’Or, là où vit une population très colorée par la provenance, (réfugiés et immigrés originaires d’Afrique du Nord, du centre et de l’ouest) et par la religion, (une forte présence de communautés musulmanes notamment). Ça ne me changera pas fort de Charleroi, où les communautés marocaine et turque sont implantées«
Le souci de l’étranger
Père Livio a porté pendant plus de 12 ans la responsabilité de la Pastorale des migrations dans le diocèse de Tournai. C’est là, et en particulier dans une dizaine de paroisses à Charleroi, qu’il a accompagné et « porté le souci » des communautés étrangères liées à l’immigration. « J’ai essayé d’articuler la vie pastorale à la question des nouveaux migrants. Tout en gardant les spécificités de chaque communauté, il s’agissait d’instaurer une communion avec l’Eglise du diocèse. »
Revenant sur son expérience passée, le religieux se souvient des débuts de son ministère et de la mission confiée par son évêque (Mgr Huard) en 2001. « Je devais avoir le souci de la pastorale des étrangers, car, se souvient-il, personne n’est ou ne devrait être étranger dans l’Eglise! » Sensible à l’accueil des différences culturelles et linguistiques, quelle que soit l’appartenance religieuse le P. Livio a développé un esprit d’ouverture qui le mènera sur le chemin du dialogue interreligieux, à la rencontre avec les communautés musulmanes.
Le long chemin du vivre ensemble
Pour le scalabrinien, convaincu de l’urgence du vivre ensemble dans le respect des différences culturelles et religieuses, les migrations sont une réalité qui impose un respect réciproque. « On vit dans un pluralisme religieux mondial, et il faut d’abord se situer dans sa propre foi pour pouvoir accepter d’autres points de vue. Il y a des résistances de chaque côté: les communautés chrétiennes comme celles d’origine culturelle différente. Le repli identitaire est une réalité. Comment vivre la communion avec les différences? Il ne s’agit pas des les exalter même si elles sont une richesse, il faut se les approprier. Ce n’est pas facile, cela demande à chacun de bousculer ses sécurités et ses habitudes ».
Et maintenant…
Au moment du départ, il y a un peu d’appréhension chez ce religieux, qui n’a pas choisi de partir mais a répondu à une demande de son supérieur. Il y a les regrets de quitter un lieu, des paroissiens avec lesquels les attaches sont vives, « je vis ce départ comme une sorte d’exode, mais l’important, c’est que l’Eglise, les communautés restent« . Les membres du synode diocésain retrouveront peut-être le P. Pegoraro à l’assemblée synodale, si son agenda parisien le permet. Quand à la pastorale des Migrations, c’est l’abbé Claude Musimar, (déjà en charge de Pro Migrantibus) qui en portera prochainement la casquette. Mais il reste d’autres fonctions à pourvoir, notamment à l’UP de Charleroi, qui n’ont pas encore trouvé de successeur.
Bernadette LENNERTS – photo: (c) T.Leclercq/Diocèse de Tournai