Philippe Ier prêtera serment le 21 juillet !


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Philippe Ier prêtera serment le 21 juillet !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
5 min

Après Benoit XVI et la reine Beatrix des Pays-Bas, c’est donc au tour d’Albert II de renoncer à sa charge. Il abdiquera le 21 juillet. Un geste qui s’inscrit dans une logique de modernité.

Une abdication ou une renonciation à une charge importante n’est plus un sujet tabou. Et la tradition qui voulait que le roi ou le pape restent en fonction jusqu’à la mort est désormais révolue. C’est dans cette optique de modernité que l’abdication royale s’inscrit et c’est sans doute une bonne chose. A 79 ans, le souverain a estimé devoir céder lui aussi la place. On ne peut que le comprendre.

D’autant que les derniers mois, voire les dernières années, n’ont pas été faciles pour lui. Les différentes affaires se rapportant à la famille royale, touchant la vie privée du roi, mais aussi le prince Laurent et la reine Fabiola, doivent aussi avoir contribué à une certaine lassitude du souverain. La constitution lui interdisant de réagir, cela a dû être difficile à vivre. Sans oublier, les discussions actuelles sur les dotations royales. Par ailleurs, 2014 est une année d’élections à tous les niveaux de pouvoir. On peut aussi comprendre que la perspective d’avoir à gérer une éventuelle nouvelle crise politique, alors qu’il sera âgé de 80 ans, ait décidé Albert II à cette abdication.

Le moment choisi pour annoncer cette renonciation au trône n’est en tous cas pas anodin. Alors que d’aucuns affirmaient que cette abdication interviendrait après les élections de l’an prochain, l’annonce faite ce jour est de nature à permettre à son successeur de s’habituer à sa nouvelle fonction et donc d’être mieux armé pour y faire face. A 53 ans, le prince Philippe est prêt à monter sur le trône. Il s’y prépare depuis sa jeunesse. Reste à savoir s’il aura le « feeling » politique de son père et de son oncle, lequel est indispensable dans ce pays compliqué qui est le nôtre.

Une chose est sûre : succéder à Albert II dans les conditions d’une abdication permet au futur roi de monter sur le trône dans des circonstances moins tragiques que s’il s’agissait d’une succession à la suite d’un décès. Le prince Philippe, qui devait être dans le secret, a donc eu le temps de s’habituer à cette idée.

Que retenir du règne d’Albert II ?

Beaucoup de choses, à coup sûr. Mais, au-delà de son rôle important dans les crises politiques que le pays a connues, il est un aspect que l’on a tendance à occulter, à savoir la modestie du souverain et son insistance à appeler à la solidarité. Sans oublier bien évidemment les appels à l’unité de la nation, dans sa diversité culturelle et sociale, rappelant que cette unité était une richesse.

Le mot « solidarité » est revenu très souvent dans les propos royaux. Albert II a appelé à faire preuve de solidarité dès son entrée en fonction. En effet, dans son discours devant les chambres réunies, lors de sa prestation de serment en 1993, Albert II déclarait que celle-ci était indispensable dans un monde en mutation. Il l’a encore martelé dans le dernier discours de Noël. On doit aussi mettre en évidence sa grande sensibilité. Il est apparu très ému lors du drame de Sierre, en 2012 et ce n’était pas une émotion de circonstance.

Le roi est aussi quelqu’un de débonnaire et doté d’un humour qu’il ne cache pas. On l’a vu éclater de rire lors d’un défilé militaire du 21 juillet ou avec des visiteurs, voire même en visite d’état à l’étranger.

C’est également un homme d’une grande modestie qui se traduit dans sa manière d’être, caractérisée par un profond respect de son interlocuteur et une grande écoute. Néanmoins, le roi n’a pas hésité à faire preuve de fermeté lorsque nécessaire. Tout le monde se rappelle ce discours du 21 juillet 2011 en pleine crise politique, dans lequel le souverain tenait des propos forts, appuyés par une gestuelle assez inhabituelle.

Le roi et la foi

L’abdication royale va, par ailleurs, modifier les choses, notamment au sein du palais royal. Le chef de cabinet Jacques Van Ypersele de Strihou, en place depuis trente ans, sera-t-il remplacé ? C’est plus que probable, mais pas certain vu l’expérience de celui-ci. Toutefois l’âge ne joue pas en sa faveur : il a 76 ans. On doit donc s’attendre, là aussi, à un rajeunissement. D’autant que M. Van Ypersele n’a pas que des amis dans le monde politique, où certains le surnomment le « vice-roi ». Du côté du nord du pays, en tous cas, on souhaiterait un Flamand tandis que d’autres jugent que l’actuel chef de cabinet est trop catholique et qu’il influence en conséquence le souverain.

On se rappellera la polémique surgie lorsque le couple royal avait rencontré le pape émérite Benoit XVI et qu’Albert II s’était agenouillé devant le souverain pontife. Le roi n’a jamais caché ses convictions religieuses. Certes, son style est différent de celui de son frère, le défunt roi Baudouin, qui fut un souverain très catholique et avait refusé de signer la loi dépénalisant l’avortement. Lors de l’intronisation du pape François, le couple royal a longuement discuté avec celui-ci. On sait aussi que Paola et Albert ont financé des œuvres religieuses, mais aussi la rénovation d’une église en Italie, patrie natale de la reine.

De toute évidence, on retiendra du roi, son action qui a préservé l’unité nationale, mais qui s’est aussi montré résolument moderne en appuyant notamment la construction de l’Union européenne. Mais, ce qui doit retenir l’attention, c’est le souci qu’il a porté à la protection des plus faibles et des personnes précarisées. C’est sans doute dans ce dernier registre que le souverain a laissé voir son vrai visage : celui d’un homme bon et soucieux de son peuple, mais aussi de la personne humaine en général.

Jean-Jacques Durré

Les évêques de Belgique remercient le roi

La Conférence épiscopale belge a tenu à réagir au discours historique du roi Albert II, dans un communiqué dont voici le texte :

« Les évêques de Belgique viennent d’apprendre l’abdication du Roi Albert II et la future accession au trône de son fils, le Prince Philippe.

Les évêques tiennent à exprimer au Roi leur profonde reconnaissance pour le service éminent qu’il a rendu à la Nation depuis le décès inopiné de son frère, le regretté Roi Baudouin, le 31 juillet 1993.

Homme d’écoute, de dialogue et de sagesse, il a mis toutes ses qualités au service de l’Etat, des Régions et Communautés, et de l’ensemble de la population de notre pays.

Ils présentent à son successeur, le Prince Philippe, leurs vœux les meilleurs pour l’accomplissement de sa tâche de chef de l’Etat et l’assurent de leur fervente prière.

Les évêques de Belgique - 3 juillet 2013

Ecoutez aussi l’interview de Christian Laporte, journaliste à La Libre, informateur religieux et spécialiste de la monarchie, interrogé par nos confrères de RCF-Liège.

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