Le travail des enfants, un fléau à combattre


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Le travail des enfants, un fléau à combattre
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Le 12 juin était le Journée mondiale contre le travail des enfants. Le pape François a profité de l'audience générale du mercredi pour lancer un appel très fort à la communauté internationale afin qu'elle lutte plus activement et efficacement contre l'exploitation des enfants. Un phénomène en augmentation constante, comme le montrent les derniers chiffres de l'Organisation internationale du Travail (OIT).

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François s'est alarmé du "fléau", "en constante augmentation", que constitue le travail domestique. "Il y a des millions de mineurs, pour la plupart des petites filles, qui sont victimes de cette forme cachée d'exploitation qui s'accompagnent souvent aussi d'abus sexuels, de mauvais traitements et de discriminations", a-t-il déclaré devant les quelque 50.000 pèlerins réunis place Saint-Pierre.

Il souhaite donc vivement que "la communauté internationale puisse mettre en œuvre des mesures encore plus efficaces pour faire face à cette véritable plaie". "Tous les enfants doivent pouvoir jouer, étudier, prier et grandir dans leur famille, dans un environnement harmonieux, dans l'amour et la sérénité. C'est leur droit et c'est notre devoir", a-t-il ajouté, commentant ainsi les conclusions d'un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Un phénomène difficile à cerner

Le 11 juin, celle-ci a effectivement publié un document sur le travail des enfants employés comme domestiques, un phénomène qui n'est pas facile à cerner. En effet, "lorsqu'elles sont effectuées chez eux, dans des conditions raisonnables et sous la surveillance des proches, ces tâches peuvent faire partie intégrante de la vie de famille et du développement personnel", écrivent les auteurs du rapport. Mais ce n'est pas toujours le cas: beaucoup de ces enfants vivent séparés de leur famille et sont donc à la merci de leurs employeurs. Un isolement qui les rend vulnérables aux violences physiques, psychiques et sexuelles.

Bien que les statistiques soient très difficiles à rassembler, l'OIT estime à 15,5 millions le nombre d'enfants de moins de 18 ans qui travaillent dans le secteur domestique, s'occupant du nettoyage, de la cuisine, du jardinage, de la collecte d'eau, de la surveillance des enfants ou des soins aux personnes âgées. Plus de la moitié de ces mineurs ont entre 5 et 14 ans, et trois quarts d'entre eux sont des filles (11,3 millions). Si le travail domestique des enfants est présent dans toutes les régions du monde, c'est surtout sur le continent africain qu'il est le plus étendu, l'Asie et le Moyen-Orient étant aussi très concernés.

Violences physiques, psychiques et sexuelles

Les conditions de vie de ces petits domestiques sont souvent très difficiles, pour ne pas dire inhumaines. Les horaires de travail dépassent les dix, douze heures. Il n'y a ni week-end, ni vacances, ni temps de repos. Et le salaire, quand il existe, est aléatoire. Enfin, un grand nombre de ces enfants sont maltraités physiquement et finissent dans l'exploitation sexuelle. Tout cela a bien sûr des conséquences sur le développement des enfants, mais aussi sur la société. "Non seulement, le travail domestique des enfants les empêche d'acquérir les compétences et l'éducation dont ils ont besoin pour un futur meilleur, mais il perpétue aussi la pauvreté et affecte les économies nationales du fait de la perte de compétitivité, de productivité et de revenus potentiels", estiment les auteurs du rapport.

Selon l'OIT, il faut donc renforcer les législations nationales et les inspections du travail, convaincre les familles de garder les enfants à la maison par des programmes sociaux et une bonne qualité et accessibilité des systèmes éducatifs.

Pascal ANDRE


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