Selon le Jesuit Refugee Service (JRS), la réglementation européenne ne permet pas souvent aux demandeurs d'asile de trouver refuge dans le pays de l'Union où ils se sentiraient le plus en sécurité. L'ONG chrétienne propose plusieurs pistes d'action pour rendre le système plus humain.
Au mois de juin, l'Union européenne va revoir sa politique d'asile et plus particulièrement le "Règlement Dublin", qui en constitue la pièce maîtresse. Adopté en 2003, ce document a pour objectif de répartir la "charge" des demandeurs d’asile entre Etats membres. Si, en théorie, l'intention semble louable, le "système de Dublin" laisse apparaître une réalité plus contestable. En effet, les demandeurs d’asile sont presque systématiquement renvoyés vers le premier pays de l’Union européenne dans lequel ils sont entrés, le but étant de responsabiliser les mauvais élèves européens qui ne garderaient pas correctement leurs frontières.
Les failles du système
Le Jesuit Refugee Service profite de la révision de ce règlement pour en souligner les nombreuses failles. Se basant sur le témoignage de 257 demandeurs d'asile recueillis dans neuf pays d'Europe, l'ONG chrétienne mentionne tout d'abord "l'ignorance des gens sur le fonctionnement concret de la réglementation et sur les droits qu'ils peuvent faire valoir". Elle note également que les demandeurs d'asile sont "fréquemment transférés vers des pays de l'Union européenne qui ne peuvent leur offrir ni un logement décent ni les services de base", si bien que nombre d'entre eux se retrouvent sans toit et privés de tout. Certains États, comme la Belgique, enferment même ces personnes pour la seule raison, semble-t-il, qu'elles demandent l'asile.
Un niveau de protection commun
Pour le JRS Europe, le principal problème réside dans les disparités entre Etats membres que ce soit au niveau des procédures d'asile ou des conditions d'accueil. L'ONG plaide donc pour un niveau de protection commun à tous les pays de l'Union. "Un système d'asile qui laisse les gens à la rue et qui manque des structures nécessaires pour garantir leurs droits n'est pas tenable", insiste Philip Amaral, chargé du plaidoyer et de la communication au JRS-Europe.
L'ONG propose également plusieurs pistes d'action pour rendre le système plus humain, telles qu'un logement décent, des soins médicaux et des allocations minimales de subsistance, une meilleure information sur les "procédures Dublin", dans une langue que les demandeurs d'asile sont capables de comprendre, et un meilleur accès à des avocats compétents. "Plutôt que d'être renvoyée dans le pays par lequel elles sont entrées pour la première fois sur le territoire européen (…)", conclut le JRS, les personnes devraient pouvoir demander asile "dans le pays où se trouve déjà une partie de leur famille, soit dans un pays dont elles connaissent la langue, soit encore là où les niveaux de protection sont les mieux adaptés à leurs besoins".
Pascal ANDRE