Editorial de Jean-Jacques Durré, paru dans "Dimanche Express" n°21 du 9 juin 2013 :
Selon un récent sondage Dedicated RTBF/La Libre, seuls 20% des Belges considèrent que les populations d’origine étrangère sont bien intégrées dans notre pays, et 80% des sondés avouent craindre une montée des radicalismes religieux. Le problème mérite que l’on s’y attarde, car il ne concerne pas que notre pays. Dans plusieurs pays d’Europe, où la population d’origine étrangère est nombreuse, on assiste à une montée des extrémismes, y compris dans des pays réputés jusqu’ici pour leur modèle social comme la Norvège ou la Suède. La recrudescence d’actes racistes, en Allemagne notamment, s’inscrit dans cette perspective d’une intégration mal réussie, mais aussi de la crise. Pour éviter que la Belgique ne tombe dans les mêmes travers, il faut se pencher avec attention sur la question. L’Eglise nous appelle d’ailleurs à nous mobiliser pour sensibiliser les opinions publiques à ne pas épouser les dérives racistes et xénophobes qui ont explosé sur le continent.
L’intégration est l’un des grands défis qui se posent à notre société en pleine mutation. S’arrêter au seul fait de s’interroger si les étrangers sont bien intégrés est réducteur, car il faut aussi se poser la question de savoir si le pays d’accueil a tout fait pour que cette intégration de déroule dans les meilleures conditions. Il ne s’agit pas ici de faire preuve d’angélisme, mais le cœur du problème se trouve bien là. Si nous accueillons des populations d’origine étrangère, souvent désemparées ou fuyant des situations dramatiques dans leur pays, nous ne sommes pas nécessairement prêts à leur donner les moyens de s’intégrer au mieux et surtout à leur garantir un avenir… que nous ne savons d’ailleurs pas garantir non plus à la population belge. Bien sûr, il y aura toujours des personnes qui refuseront de s’intégrer, avec le risque de la montée des radicalismes que cela engendre.
Il importe donc de multiplier les rencontres et d’accroître le dialogue. Connaître l’autre permet d’atténuer les peurs et les craintes. Or, si l’on en juge par le sondage, la plupart des personnes interrogées pensent que le respect des règles et valeurs de la société belge par les personnes d’origine étrangère n’est pas bien réussi. Face à ce constat, il est donc urgent de relancer le débat sur le «vivre ensemble», d’autant que se profilent des élections en 2014. Le sentiment de rejet envers les étrangers pourrait ressurgir à la faveur de la crise économique que nous traversons.