Pressé par les ultra-conservateurs et l'Église catholique, le gouvernement de droite espagnol entend annoncer "rapidement" sa réforme visant à limiter strictement le droit à l'avortement prévu dans la loi votée en 2010 par la précédente équipe socialiste.
Le gouvernement espagnol songerait à un projet de loi permettant de restreindre l'interruption volontaire de grossesse en Espagne. Cela faisait partie du programme de Mariano Rajoy lors des dernières élections générales en Espagne. Le 13 mai dernier, le ministre de la Justice a affirmé que la loi devrait être présentée en mai en Conseil des ministres, avant son passage au Parlement.
Ce texte prévoit donc des mesures fortement restrictives sur l'avortement. Ainsi, l'interruption volontaire de grossesse ne pourra avoir lieu que s'il est prouvé que la grossesse peut mettre en danger la santé ou la vie de la femme. Depuis la réforme de l'avortement de 2010, menée par le gouvernement socialiste, il était alors encore possible d'avorter jusqu'à la 14e semaine de grossesse, et jusqu'à 22 semaines en cas de "risque pour la vie et la santé" de la mère ou de "graves malformations du fœtus". Avec cette nouvelle loi, ces délais ne devraient donc plus être valables. Il ne sera également plus possible d'avorter en cas de malformation du fœtus. La loi prévoit également l'obligation pour tous les mineurs qui souhaitent avorter, d'obtenir l'autorisation des parents ou responsables légaux.
Pressions de la Conférence épiscopale
Ce projet fait écho à une forte demande des conservateurs et de l'aile droite du Partido Popular, mais aussi de l'Église catholique. Ainsi, le 13 mai dernier, le président de la Conférence épiscopale espagnole, Mgr Antonio Maria Rouco Varela, a exigé "une réforme urgente" de la loi sur l'avortement. Selon lui, "contrairement à ce qui est dit, depuis l'application de la loi fondée sur le principe éthique et juridique absurde d'un droit pour quelqu'un d'ôter la vie aux êtres humains à naître, le nombre d'avortements a augmenté pour atteindre des niveaux terrifiants".
Cette loi est un coup dur pour les pro-IVG. Le PSOE (Parti socialiste) a annoncé que son adoption serait un « grave retour en arrière » pour le pays. Selon eux, ce serait comme revenir à l'état de la loi des années 80, quand l'Espagne venait à peine de sortir de la dictature. Le parti s'opposera donc au projet de loi et mènera une campagne de mobilisation pour des manifestations en vue de faire échouer le projet.
P.A.