A l’heure des révolutions arabes incertaines et des crises européennes, où le vivre-ensemble est soumis à de rudes épreuves, Abdelaziz Kacem commémore un paradis perdu, l’Al-Andalus. Entretien sur une Andalousie mythique et ses beaux vestiges…
Géographiquement parlant, l’Al-Andalus représente toute la péninsule ibérique qui a été sous domination arabe pendant huit siècles, n’incluant toutefois pas la principauté des Asturies au nord, région montagneuse et pauvre. Au fil de l’histoire, de 711 à 1492, l’Al-Andalus est devenue une peau de chagrin qui s’est rétrécie pour ne plus représenter que l’Andalousie actuelle, au sud de l’Espagne. Si le terme, Al-Andalus, vient des vandales, la Vandalousie, le pays des vandales, une peuplade germanique qui envahit la péninsule ibérique au Ve siècle, le concept, lui, renvoie à une civilisation musulmane et européenne à la fois…
Mais que reste-t-il, aujourd’hui, de cette civilisation qui a rayonné au Xe siècle jusqu’à faire de Cordoue la plus grande ville d’Europe ? Une question à laquelle Abdelaziz Kacem tente de répondre dans son ouvrage « Al-Andalus – Vestige d’une utopie ».
– « Vestiges d’une utopie »… Le titre de votre ouvrage est amer. Pourquoi ?
– L’utopie est un lieu fictif, que l’on imagine, une cité juste qui n’existe pas. Mon Al-Andalus est une cité qui a existé, mais elle n’est plus. Toutefois, les vestiges sont là, qui témoignent de cet exemple unique dans l’histoire médiévale et moderne européenne. 1453, Byzance (Constantinople) tombe. Quasi au même moment, en 1492, Grenade tombe. Ce qui marque la fin de la domination arabe sur la péninsule ibérique. Deux civilisations meurent. La civilisation Byzantine, qui fut très grande, fut vite mise aux archives. Mais pour Al-Andalus, le rideau est tombé mais la pièce continue de jouer. Al-Andalus est encore vivante et elle provoque toujours une passion méditerranéenne. On ne peut pas rester indifférent à l’apport de cette Andalousie. Moi, je me bats pour être le citoyen de cette utopie. Je suis un homme des deux rives, je suis andalou !
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Retrouvez la suite de l’article d’Anne Leconte dans Dimanche Express (édition du 7 avril), disponible via la boutique en ligne