Une loi russe anti-blasphème pourrait voir le jour


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Une loi russe anti-blasphème pourrait voir le jour
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Le 9 avril dernier, les députés de la Douma ont voté à une très large majorité un projet de loi anti-blasphème. Pour entrer en vigueur, celui-ci doit encore être approuvé par le Soviet de la Fédération et signé par le président Poutine.

À la suite de la retentissante affaire des Pussy Riot, ce groupe de rockeuses ayant chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou en février 2012, une loi russe anti-blasphème pourrait bientôt voir le jour. Le 9 avril dernier, les députés de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, ont effectivement voté à une très large majorité (330 voix sur 450) un projet législatif controversé au sujet du blasphème. Seuls sept élus ont voté contre. Il ne s’agit que de la première lecture d’un texte présenté en septembre dernier et qui doit encore subir plusieurs lectures avant d’être transmis au Soviet de la Fédération, l’équivalent russe du Sénat, et signé ensuite par le président Poutine pour entrer en vigueur.

Des amendes plus élevées

En l’état du projet législatif, l’amende pour une offense publique envers les "sentiments religieux" des croyants pourrait atteindre jusqu’à 7.420 euros ou 200 heures de travaux d’utilité publique. Trois ans de prison deviendraient la peine maximale qu’un juge pourrait infliger dans ce cas. L’amende s’élèverait à plus de 12.300 euros en cas de profanation d’un lieu de culte ou de reliques, acte pouvant, sinon, entraîner 400 heures de travaux ou jusqu’à cinq ans de prison.

Le projet de loi "anti-blasphème" est toutefois loin de faire l’unanimité en Russie. Le Conseil présidentiel des droits de l’homme, qui sert d’intermédiaire entre le Kremlin et la société civile russe, n’a pas caché ses réserves sur l’intérêt de ce dispositif pénal. La notion clé de "sentiments religieux" est considérée comme trop floue. Vue des ONG, la loi anti-blasphème servirait surtout à flatter Vladimir Poutine dans un rôle de protecteur des orthodoxes russes.

Préserver la liberté d'expression

Cyrille Ier, le chef de l'Église orthodoxe russe, estime effectivement la législation actuelle insuffisante. "Une amende de seulement quelques centaines de roubles (environ sept euros) pour des inscriptions blasphématoires sur une église, une mosquée ou une synagogue", a-t-il déclaré en janvier dernier, "cela montre que cette société ne réalise pas vraiment combien il est important de protéger les croyances religieuses de chacun." Il demande toutefois que la future loi soit respectueuse de la liberté d'expression. "L’essentiel, c’est que la résistance au blasphème soit juste, mesurée et exempte de toute agressivité."

Pascal ANDRÉ (avec La Croix)


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