En décembre dernier, le Conseil interdiocésain des Laïcs (CIL) tirait la sonnette d’alarme à propos de l’accès au logement, appelant à la mise en place d’un « plan Marshall « . Dans les jours à venir des membres du CIL interpelerront personnellement des ministres, députés, responsables de CPAS et autres décideurs à propos de la précarité des logements dans notre pays.
A l’occasion de son 80e anniversaire, Caritas avait lancé un message clair en affirmant qu’en Belgique, « l’accès au logement est une catastrophe ». Fin 2012 le Conseil interdiocésain des Laïcs (CIL) reprenait ce message avec vigueur, demandant que les autorités se penchent d’urgence sur la question. De fait, tous mettaient le doigt sur une problématique interpellante, à savoir que le coût du logement représente près de 50 % du revenu de nombreuses familles. A cause de cela, elles passent du statut de précarisées à celui de gravement démunies.
Par ailleurs, le CIL rappelait que le logement social fait gravement défaut en Belgique aujourd’hui, notamment à Bruxelles, où il représente 8 % seulement des logements (contre 20% à Londres !) et même 0,5% dans certaines communes. Et d’estimer qu’iul était est donc essentiel que les « Plans logement » des différents gouvernements soient exécutés d’urgence : 5.000 nouveaux logements à Bruxelles, 36.500 en Wallonie, 42.000 en Flandres.
Le logement social : une priorité !
Pour Peter Annegarn, président du CIL, beaucoup de logements sociaux sont vides faute de moyens pour les rénover, ou à cause d’exigences insurmontables. Le mieux peut être l’ennemi du bien comme à Watermael-Boitsfort où des logements sociaux de qualité sont vides car la mise aux normes (double vitrage, sanitaires) est contradictoire avec la protection des bâtiments par la Commission des monuments et sites ! « Ne peut-on déroger pour permettre d’habiter, de loger ? On implante bien des écoles préfabriquées. Pourquoi pas des « logements d’urgence » pour 3 à 5 ans (durée déterminée), salubres mais à confort minimal, ce qui représente un moindre mal, le temps de terminer les logements neufs ou la rénovation des autres ? Et ne peut-on prévoir des bâtiments provisoires le temps de créer ou réhabiliter de grands ensembles? », interroge le CIL.
Et de citer d’autres alternatives comme la mise à disposition d’espaces publics (casernes et bâtiments du tourisme social inoccupés), de couvents et autres locaux collectifs. « On peut ne pas improviser et être créatif. Certains ont fait appel à des hôtelleries, d’autres à la location-achat, d’autres encore à des logements « kangourou » multi générationnels, à l’expropriation de logements vides, aux agences immobilières sociales… Le tout est de n’être ni légaliste ni imprudent », stipule le communiqué du CIL.
Insatsifait des promesses répétées et des réalisations insuffisantes, les délégués du CIL vont contacter et interpeller directement les aurorités et les élus pour soutenir cette logique du « Housing First » . « Commencez par assurer un toit à chacun » sera le principal message à leur intention, tout en mettant en évidence quelques chiffres et constats supplémentaires. Ainsi,, selon le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, à fin 2011, la Flandre disposait de 146.756 logement sociaux, 2.000 étant construits chaque année mais sans que cela puisse répondre aux besoins de 91.926 candidats locataires. De même, en Wallonie, les SLSP (sociétés de logement de service public) disposaient de 100.930 logements dont 99.868 logements sociaux, ce qui est este insuffisant face aux 35.285 candidats sur liste d’attente. Quant à Bruxelles, elle comptait 39.306 logements sociaux, dont 4.500 inoccupés, et 38.928 personnes en liste d’attente.
Certes, reconnaît le CIL, la cellule régionale chargée de lutter contre les logements inoccupés a été mise en service et des propriétaires de logements vides ont reçu leurs premières mises en demeure et amendes. Mais, alors que la crise du logement ne cesse de s’aggraver, les aides pour les locataires se font attendre.
Des atermoiements inacceptables
Pour le Conseil interdiocésain des Laïcs, il y a trop de tergiversations. Certains ont peur à cause de ce qui s’est passé à la cité des Mésanges ou dans d’autres grands ensembles (Ndlr : incendies). « Pour éviter des drames liés à la précarité, on précipite les personnes démunies plus bas encore de l’échelle ! Il appartient aux responsables politiques de donner la priorité aux besoins collectifs face aux intérêts particuliers et, pour garantir un vivre ensemble harmonieux dans les grands ensembles, d’étudier les « bonnes pratiques » qui fonctionnent ailleurs et d’investir dans l’accompagnement associatif ».
Concrètement, le CIL demande que la recherche du « Housing First » prônée par l’Europe pour un traitement rapide des demandes de logement ou de relogement de personnes qui se retrouvent sans toit, doit être semblable au « fast track » en médecine d’urgence : une personne privée de circulation sanguine adéquate par un infarctus est prise en charge tout de suite. Et de lancer : « Mesdames, Messieurs les Députés, les Ministres, les pouvoirs publics, nous avons une motion d’ordre : priorité au logement social ».
CP/JJD