L’espérance au-delà de toute espérance


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L’espérance au-delà de toute espérance
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

Comment vivre aujourd’hui le mystère de la résurrection ? Cette tâche n’est pas simple. En effet, la résurrection est le seul mot dont nous ne connaissions rien par définition. Il explose dans un silence qui ne peut s’entendre nulle part si ce n’est en Dieu. Par là, nous découvrons que la résurrection est une simple affaire de confiance et d’espérance. L’espérance que notre vie se poursuivra ailleurs et autrement.

Une parabole contemporaine peut nous aider à entrer dans un tel mystère: "Alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère, des jumeaux discutèrent du sens de la vie. 'Comment peux-tu croire qu’il y a une vie après l’accouchement', dit l’un. 'Mais bien sûr que si', répondit l’autre, 'ça ne fait aucun doute qu’il y ait une vie après l’accouchement. Notre vie ici n’a de sens que parce que l’on grandit pour se préparer à la vie après'. 'Cela n’a aucun sens', reprit le premier. 'Quelle forme pourrait d’ailleurs avoir cette vie ?' 'Ça, je ne peux le savoir exactement', répondit le second. 'Mais c’est sûr qu’il y aura plus de lumière qu’ici. Et, peut-être, pourrons-nous manger avec notre bouche, courir avec nos jambes'. 'Arrête avec ces sornettes', cria le premier. 'Courir, ce n’est pas possible avec notre cordon ombilical, il est bien trop court. Et une bouche qui mange, c’est une image ridicule. Nous avons notre cordon pour cela.' Face à la réponse de l’incrédule, le petit croyant lui dit alors: 'C’est sûrement possible d’une autre manière. Nous devrons nous habituer à quelque chose de totalement différent.'

L’incrédule poursuivait dans sa logique: 'Personne n’est jamais revenu pour nous l’expliquer. Après l’accouchement, fini la vie ! C’est aussi simple que ça.' 'Je suis d’accord avec toi', reprit le petit croyant. 'Nous n’avons aucune représentation de la vie après l’accouchement. Dans tous les cas, nous verrons enfin notre maman. Elle est prendra soin de nous.' 'Notre maman', hurla l’incrédule. 'Tu crois à une maman. Je n’ai pas vu le moindre bout de maman ici, ça, c’est certain. La conclusion est qu’il n’y en a pas.' 'Faux', conclut avec douceur, le petit jumeau croyant, 'notre maman est tout autour de nous. Nous vivons en elle et par elle. Sans elle nous n’existerions pas. Et je vais te dire une dernière chose: je suis sûr aussi que maman nous aime tellement qu’elle ne te punira même pas d’avoir douté de son existence. Et quand tu la verras, tu l’aimeras toi aussi.'"

Ce dialogue imagé, ne dit-il pas quelque chose de notre espérance dans le mystère de Pâques ? Par la résurrection du Fils de Dieu, nous sommes entrés dans une ère nouvelle, celle de la mort de la mort. La vie est si vivante que c’est la mort qui est devenue mortelle. La mort n’a donc plus d’emprise sur l’être humain, même si nous en ferons encore l’expérience à l’aube de notre vie éternelle. Par l’événement merveilleux de Pâques, dans la foi et dans la confiance, la mort est une traversée, de la vie terrestre à la vie céleste, où nous partagerons la vie de l’Eternel.

Toutefois, la résurrection n’est pas une promesse pour demain. Elle est une invitation à vivre notre vie dès à présent. Dans le Fils, nous sommes devenus des êtres éternels et l’éternité commence ici-bas. La résurrection opère déjà en nous. Il suffit, pour ce faire, de laisser la Lumière de Dieu entrer en chacune et chacun de nous pour qu’à notre tour, nous puissions enflammer l’humanité entière du feu divin. L’espérance de Pâques s’inscrit dans cette perspective. Les êtres éternels que nous sommes devenus par la résurrection du Fils, ont reçu une mission dans l’Esprit: embraser le monde par des actes d’amour, des gestes d’amitié, des paroles de tendresse et des regards de douceur. La Pâque du Christ vient nous offrir le don de sa résurrection, c’est-à-dire l’espérance au-delà de toute espérance.

Philippe COCHINAUX, o.p.

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