Les femmes en situation de handicap sont deux fois plus menacées par les violences domestiques que les autres femmes. C’est pour défendre leur cause et à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, ce vendredi 8 mars, que Handicap International prendra la parole lors de la 57ème commission sur le Statut de la Femme des Nations Unies.
Parce que "être femme et handicapée, c’est trop souvent une double discrimination, notre devoir est d’intervenir pour faire cesser cette injustice", soutient Muriel Mac-Seing, qui traite des questions de violence liée au genre chez Handicap International.
Les femmes handicapées représentent 19,2% de la population féminine mondiale. Malgré leur nombre, leur situation précaire n’attire pas assez l’attention. Pourtant, les rares études qui existent, montrent clairement la vulnérabilité de ces femmes. Par exemple: 80% des femmes ayant un handicap dans les zones rurales asiatiques n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins et sont dépendantes de leurs proches. L’expérience de Handicap International sur le terrain montre également que les femmes en situation de handicap souffrent de la violence et sont également exclues des services de bases (éducation, santé, travail, protection).
Violence
Les personnes handicapées ont 130% en plus de risques d’être victimes de violence que des personnes valides. Pour les femmes handicapées, ce sont les problèmes de violence domestique (2 fois plus de risques) et sexuels qui sont les plus connus. "Le risque de violence sexuelle pour les femmes est d’autant plus élevé que leur handicap implique généralement une grande proximité et dépendance avec un ou plusieurs adultes de leur entourage, et parce que des stéréotypes sociaux et culturels font que les femmes et les filles n’ont pas le droit de gérer leur propre vie sexuelle et santé reproductive", explique Muriel Mac-Seing.
Dans des provinces en Afrique par exemple, je vois souvent des femmes handicapées être abusées sexuellement: leurs familles ne disent rien et sont souvent complices en taisant l’événement de peur d’être stigmatisées elles-mêmes. Elles partent du principe que ces femmes n’ont aucun droit et ne peuvent donc pas refuser une relation sexuelle, même si l’homme est saoul, agressif ou séropositif. L’infection au VIH et les grossesses non désirées sont des problèmes majeurs pour les femmes et les filles handicapées."
"Et parfois des femmes en situation de handicap, peuvent êtres stérilisées de force et obligées d’abandonner une grossesse volontaire avec l’excuse paternaliste 'c’est pour leur propre bien'", déplore Muriel. Une étude faite par les Nations Unies montre qu’à Odisha (Inde) 6% des femmes handicapées ont été stérilisées contre leur gré.
Discrimination et stigmatisation
"Il n’y pas que la violence directe", souligne Muriel. "Les femmes en situation de handicap sont souvent exclues des services de bases, comme la santé, l’éducation ou n’ont pas droit au travail". Une étude dans la Province de l’Ouest Rwanda, réalisée par Handicap International, révèle une spirale vicieuse. La privation du droit à la scolarisation renfonce l’ignorance de leurs droits et donc l’acceptation des situations dégradantes et violentes. En plus, la vulnérabilité économique, liée au genre et au handicap, crée un environnement propice aux maltraitances et exacerbe la paupérisation des personnes handicapées touchées ainsi que de leurs familles.
Action
"Agir contre les violences faites aux femmes et filles handicapées doit donc être une des priorités dans les actions des Nations-Unies", soutient Muriel, qui prendra la parole le 11 mars lors de la 57e Commission des Nations-Unies sur le statut de la Femme (du 4 au 15 mars, à New York). Au sein de cette commission, l’IDDC recommandera entre autres un égal accès aux services d’aide. "Trop souvent les fournisseurs de services en matière d’aide à la violence, ne collectent pas d’informations spécifiques, concernant les handicapées et n’ont pas les compétences pour fournir une réponse adaptée à la population féminine en situation de handicap", explique Muriel.
"Dans une situation d’urgence, par exemple dans des camps de réfugiés, les femmes sont extrêmement vulnérables. C’est notamment le cas des femmes avec une mobilité réduite", souligne Hélène Robin, responsable de programmes d’urgence pour Handicap International. "Non seulement les services ne sont pas adaptés à leurs besoins spécifiques (elles ne peuvent pas se déplacer et n’ont pas accès aux distributions de nourriture ou à d’autres biens de première nécessité, les latrines ne sont pas accessibles), le risque qu’elles deviennent victimes d’une violence ou de toute autre forme d’exploitation est beaucoup plus élevé. Voilà pourquoi Handicap International veille à ce que ces personnes, les plus vulnérables, parmi lesquelles aussi les femmes enceintes, les femmes seules, puissent avoir accès aux soins et aux distributions, afin qu’elles ne soient pas davantage fragilisées".
CP