Depuis quelques mois, un très beau crucifix a trouvé, tout naturellement, sa place dans l’église romane de Wéris. Cette réalisation est signée d’un artiste de la région, Clément Brilot, 18 ans.
Clément est un jeune homme d’Aye qui n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il travaille le bois. Pour la création du crucifix de Wéris, il a choisi le chêne et le tilleul, deux essences du pays. Avant de faire vrombir sa tronçonneuse, ce passionné a pris feuilles et crayons. Des esquisses qui ont donné lieu à des modifications, à des évolutions sur base d’un travail de réflexion mené avec le curé de Wéris, l’abbé Roquet.
Le bois, toujours le bois
Après le blocus et la session d’examens, c’est en préparant quelques gadgets -en bois, bien sûr – pour le carnaval que Clément Brilot refait le plein d’énergie avant de reprendre des études en architecture. Tel Astérix tombé dans la marmite de potion magique, il avait à peine 6 ans lorsqu’il a commencé à travailler le bois. »Ça sent bon, du moins pour la plupart des essences et c’est doux à caresser » confie Clément les yeux brillants. Au lieu des traditionnels jeux vidéo, saint Nicolas lui déposait scie, maillet et autres clous! Un peu plus tard, il s’inscrit à un stage pour découvrir la découpe du bois. Et lorsqu’arrive sa profession de foi, il demande en lieu et place des cadeaux traditionnels de l’argent avec lequel il s’achète une scie à chantourneur. Clément aime passer du temps, beaucoup de temps avec le bois. Et c’est donc tout naturellement qu’il s’oriente, pour ses humanités, vers la section bois de l’institut Saint-Roch de Marche.
Copier avant de créer
Il y a quelques mois, c’est la paroisse de Warempage qui était la première à s’intéresser à ce jeune talentueux. La demande portait déjà sur la réalisation d’un Christ en croix. Clément Brilot le reconnaît, il s’agissait de s’inspirer d’une sculpture déjà existante. La demande de la paroisse de Wéris était plus complexe à satisfaire. Elle portait sur la réalisation d’un Christ en croix, mais à imaginer, à concevoir de A à Z. Une conception très contemporaine. La croix est tout sauf rectiligne. Elle est travaillée en forme de vagues dans du chêne et mesure 1m80. Le corps du Christ mesure lui 1m10. Les bras ne sont pas fixés sur la croix. »L’abbé Roquet voulait un Christ Glorieux, accueillant » souligne Clément. Aucun trait sur le visage n’a été sculpté, c’est délibéré. Chacun peut ainsi donner au Christ le visage qu’il souhaite. Clément a rencontré à plusieurs reprises l’abbé Roquet et ensemble, ils ont fait évoluer le projet.
Le corps – en une seule pièce – est exécuté dans du tilleul. Les bras ont été sculptés séparément puis fixés au corps. Et ce bien sûr pour des questions d’économie: on peut ainsi utiliser une pièce de bois moins importante et donc moins onéreuse.
Un amoureux du bois fasciné qui aime, lorsqu’il passe la porte d’une église, décortiquer le travail d’autres artistes. Clément apprécie tout particulièrement les confessionnaux de la basilique de Saint-Hubert. »Je pense que moi, je n’arriverais pas à un tel résultat » lance-t-il admiratif.
Depuis que le crucifix a trouvé sa place dans l’église de Wéris, Clément ne reçoit que des commentaires positifs. De quoi rendre heureux ce jeune homme très discret qui, depuis la rentrée, étudie l’architecture à Liège. Il imagine déjà ses réalisations à venir, des maisons en ossature bois bien sûr.