Le directeur de L’Osservatore Romano, Gian Maria Vian, a démonté la thèse selon laquelle le Vatican aurait acheté des biens immobiliers grâce à l’argent du régime de Benito Mussolini (1922-1943); une thèse récemment avancée par le journal britannique The Guardian.
"Vatican, finances et fascisme, le tout naturellement assaisonné de secret: voici les ingrédients appétissants d’un soi-disant scoop sur The Guardian", écrit ainsi le directeur de L’Osservatore Romano. Le 21 janvier dernier, le quotidien anglais avançait que le Vatican aurait bâti un empire immobilier au Royaume-Uni, en France et en Suisse avec l’argent reçu de Mussolini en échange de la reconnaissance papale du régime fasciste italien en 1929.
L’article en question, repris ensuite par de nombreux médias, "ne méritait vraiment aucune attention", assure Gian Maria Vian. Historien et journaliste, il explique qu’il s’agit en fait à ses yeux "d’une série d’informations imprécises ou sans fondement, rassemblées de façon maladroite". "Une lecture même sommaire" de l’article suffit pour voir qu’il est "inconsistant", poursuit Gian Maria Vian avant de déplorer qu'il ait "mis à mal la vérité historique la plus élémentaire".
Une indemnisation légitime
Le directeur de L’Osservatore Romano assure que les Accords du Latran (photo), signés en février 1929, "ne furent pas un pacte honteux entre l’Eglise catholique et le fascisme, mais au contraire une solution nécessaire est équilibrée", et reconnue comme telle par de nombreux historiens et personnalités politiques, de toutes tendances.
Selon cet accord, l'Italie indemnisait de façon définitive le Saint-Siège (contre l'équivalent d'environ 1,2 milliard d'euros), en application de la loi italienne des Garanties, qui avait été approuvée de façon unilatérale en 1871, mais qui avait toujours été rejetée par la partie adverse.
Et pour ce qui concerne les prétendues activités contraires aux Alliés de la part du Saint-Siège, Gian Maria Vian a expliqué que des documents détenus par les Archives nationales britanniques démontrent exactement le contraire: "A savoir que, notamment grâce à des investissements légitimes en temps de guerre réalisés surtout aux Etats-Unis, le Saint-Siège soutint les Alliés contre le national-socialisme".
Au lendemain de la parution de l’article, déjà, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège s’était dit "surpris" par cet article qui ne révélait à ses yeux "rien de neuf". "L’existence d’investissements immobiliers du Saint Siège, achetés avec l’argent payé par l’Etat italien en compensation de l’expropriation de biens, est connue depuis plus de 80 ans", assurait alors le père Federico Lombardi.
P.G. (avec Apic)