Un gaspillage indécent


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Un gaspillage indécent
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Editorial de Pascal André paru dans le "Dimanche Express" n°2 du 20 janvier 2013 :

Un milliard trois cent mille tonnes. Ce chiffre, qui donne le vertige, correspond à la quantité totale de nourriture comestible gaspillée chaque année à travers le monde, soit entre 30 et 50% de la production globale mondiale. Avec cela, il y aurait largement assez pour nourrir le milliard de personnes qui souffrent aujourd'hui de la faim de manière chronique. En cause, des récoltes mal faites, des déficiences dans le stockage et le transport, des dates limites de vente trop strictes, l'irresponsabilité des consommateurs, qui se traduit notamment par leur refus d'acheter des fruits et légumes qui ne seraient pas parfaitement esthétiques… Ainsi, en Europe et aux Etats-Unis, jusqu'à la moitié de la nourriture achetée est jetée par le consommateur lui-même. Un véritable scandale!

Alors que certains experts estiment que nous avons atteint les limites de terres arables et d'eau disponibles pour l'agriculture et l'élevage, il est grand temps que ce problème fasse l'objet de décisions politiques au niveau international. Surtout que, selon les prédictions de l'ONU, la population humaine devrait atteindre 9 milliards en 2043 et plafonner à 10 milliards en 2083. Bref, si nous souhaitons que les générations à venir aient de quoi se nourrir, nous n'avons pas d'autre choix que d'améliorer la production agricole, d'assurer sa pérennité et surtout de limiter au maximum ce gaspillage indécent.

Jusqu'à présent, nous avons surtout agi sur la nature. Il est temps à présent d'agir sur nous-mêmes et de revoir nos priorités, chacun à notre niveau, car si nous avons les moyens de changer les choses, il nous manque souvent la volonté. Savez-vous, par exemple, que pour nourrir le milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, le Fonds mondial alimentaire (FAO) estime qu'il faudrait investir chaque année 30 milliards de dollars, soit à peine 3% des montants garantis pour sauver les banques en 2008, aux seuls Etats-Unis? Cela donne à réfléchir.

Avec sept pains et quelques petits poissons, Jésus a réussi à nourrir une foule de 4.000 hommes, et même davantage puisque ses disciples emportèrent sept corbeilles pleines. Nous, de ce que nous tirons de la terre et qui est largement suffisant pour satisfaire les besoins alimentaires de tous, nous parvenons à jeter la moitié, en laissant des millions d'hommes, de femmes et d'enfants mourir de faim. Voilà un contraste sur lequel nous ferions bien de méditer.


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