Depuis le 19 octobre 2012, trois prêtres assomptionnistes congolais ont disparu à Mbau, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). A ce jour, l’Eglise congolaise est sans nouvelles et ignore tout du sort des religieux.
Les trois religieux de l’Assomption, les pères Jean-Pierre Ndulani, Edmond Kisughu, et Anselme Kakule Wasukundi trouvaient au presbytère de la paroisse Notre-Dame-des-Pauvres, que la communauté a fondé il y a 70 ans. Ils y gèrent un établissement secondaire de 450 filles et garçons. Dans la nuit, des hommes armés sont entrés et les ont enlevés sans rien voler, laissant seul le curé, le P. Joseph Paluku, enfermé dans sa chambre dont la porte a résisté aux agresseurs.
Qui sont les agresseurs ? Difficile à savoir dans un région où troupes régulières et rebelles s’affrontent depuis des mois. Par ailleurs, selon le P. Emmanuel Kahindo, vicaire général de la Congrégation des Augustins de l’Assomption, « la police n’a lancé aucune enquête sérieuse ». La question se pose : serait-ce un acte d’intimidation envers l’Église ? « Pour répondre, il faut considérer la situation socio-économique du pays », explique le prêtre congolais. « L’Église est souvent la seule à s’élever contre les violations des droits des peuples, contre l’exploitation des richesses du pays et la violence des groupes armés dans la région, contre l’hypocrisie de la communauté étrangère et la léthargie du gouvernement… Elle seule ose dire la volonté du peuple et demander la paix. »
L’espoir demeure néanmoins
Le diocèse de Butembo-Beni, dont dépend la paroisse de Notre-Dame-des-Pauvres, reçoit de nombreux coups de téléphone depuis l’enlèvement, mais il s’agit de personnes se présentant comme les ravisseurs pour réclamer de l’argent. « Mais lorsqu’on leur demande des signes en guise de preuve, ils disparaissent. L’espoir demeure de revoir les trois religieux vivants, mais il dépend la bonne volonté des ravisseurs », signale le P. Kahindo.
Mgr Melchisedech Sikuli Paluku, évêque de Butembo-Beni, a pris des mesures radicales – et douloureuses pour l’Église : en novembre, le secteur dont la paroisse Notre-Dame-des-Pauvres dépend, a été exclu de tout service sacramentel ! Un geste fort qui a pour but de faire pression sur la population et de mettre en lumière de possibles complicités.
L’Église veut connaître la vérité
« Si les ravisseurs venaient en effet de loin, comment ont-ils pu pénétrer ainsi dans le presbytère, sans effraction ? », interroge le P. Kahindo. Parmi la population locale, des cellules de réflexion ont été créées, consultées par l’évêque. Depuis deux mois, les fidèles se sont retrouvés pour prier. « Nous prions pour nos frères, mais aussi pour notre peuple », poursuit le prêtre. « Ce qu’ils sont en train de vivre, c’est ce que subit la population tous les jours. Nous voulons la paix ! » Depuis fin octobre, plusieurs personnes ont été kidnappées dans les champs autour de Eringeti, à 40 km de Mbau.
Avec La Croix