Mardi 8 janvier, le président de la République française a reçu à l’Elysée les autorités religieuses pour la traditionnelle cérémonie des vœux. A cinq jours de la manifestation contre le "mariage pour tous " qui se tiendra le dimanche 13 janvier, ce sujet polémique qui divise l’Etat et la quasi totalité des différents cultes représentés en France, a juste été évoqué.
Pendant un peu plus d’une heure, François Hollande s’est entretenu avec le président de la conférence épiscopale, le cardinal André Vingt-Trois, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, le président du consistoire central, Joël Mergui, le président du Conseil Français du Culte musulman, Mohamed Messaoui et le métropolite Emmanuel qui représente l’Assemblée des évêques orthodoxes de France.
De la "Manif pour tous", il n'en a été question que dans les propos préliminaires du président français. Cette réforme qui concerne le mariage civil serait pour des millions de Français "une avancée en termes d’égalité des droits, et donc le projet irait à son terme", aurait affirmé François Hollande, selon une source de l’Elysée, relayée par Radio Vatican.
De leur côté, les responsables religieux ont tenu à livrer un message pondéré.
Le président de la conférence épiscopale de France a ainsi affirmé qu’une "manifestation" n’était pas "une crise", selon des propos rapportés par Le Figaro. L’archevêque de Paris a rapporté de cette rencontre que "le sujet n’a pas été poliment éludé", d’autres sujets "plus importants pour la vie de la République" ont été l’objet des échanges comme le projet Sicard sur la fin de vie et la place des religions dans la société.
Des propos semblables à ceux du grand rabbin de France. Pour Gilles Bernheim, "c'est la place du religieux en France et la perte du sens du religieux dont il est question. Beaucoup de Français ne perçoivent pas ce que peut être l'intérêt d'une religion, sauf quand elle est polémique ou intégriste. De ce fait, nous avons profondément parlé de ce qu'une religion peut apporter à la France. Et de la confiance que la France et les pouvoirs publics peuvent avoir ensuite, grâce à cela, envers les religions. Lorsque les religions ont des revendications, ce n'est pas contre l'État, ce n'est pas dans la préservation de leurs intérêts particuliers, mais c'est pour nourrir la culture de la France et participer à l'effort du pays".
Sur la "Manif pour tous", le grand rabbin a bien précisé à François Hollande qu'il ne s'agissait pas d'une "coalition des religions contre un parti politique et contre un pouvoir".
"C’est une manifestation de la société française" a également affirmé le président du Consistoire central.
"Nous avions besoin de donner le sentiment qu’il n’y avait pas un front des religions sur ces questions", ajoute Mohamed Moussaoui, le président du Conseil Français du culte musulman, interrogé par le journal La Croix.
Au sujet de la loi sur la fin de vie, objet d’un échange entre notamment, le président français et le cardinal André Vingt-Trois, le chef de l’Etat a assuré qu’il y aura un temps de dialogue avec les religions, lorsque les questions posées au comité national d’éthique à propos du rapport Sicard auront abouti. Ce serait le cas au printemps prochain.
A.L/Radio Vatican