Brésil : Un projet pharaonique au cœur de la forêt amazonienne


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Brésil : Un projet pharaonique au cœur de la forêt amazonienne
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Opposant au projet du Belo Monte depuis 30 ans, Mgr Erwin Kräutler, évêque d’Altamira, persiste à dénoncer la destruction du fleuve, de son environnement et la dispersion des populations locales. Il y voit un véritable cheval de Troie lancé parmi les indigènes.

Alors que 20% des travaux sont déjà réalisés, malgré 148 jours de grève des ouvriers en 2012, Norte Energia, l’entreprise chargée de mener à bien le "chantier du siècle" – le fameux complexe hydroélectrique Belo Monte - , annonce que près de 28.000 personnes travailleront sur le chantier cette année, soit 5.000 de plus que le nombre initialement prévu, afin de poursuivre la construction du 3e complexe hydroélectrique du monde. Cette œuvre pharaonique bénéficie de l’appui de l’Etat brésilien, malgré 50 procès en cours devant la justice brésilienne et internationale qui dénoncent les violations de la Constitution fédérale et des traités internationaux dont le Brésil est signataire. La fin des travaux est toutefois prévue en juillet 2014.

Autre grande étape à venir pour le "Beau Monstre" comme le qualifie ses opposants, le relogement de plus de 4000 familles qui vivent dans des zones à terme immergées et l’assèchement du premier des deux bassins tampons, indispensables pour la construction du barrage. Ce sont près de 50 tonnes de poissons qui seront retirés pour procéder à l’assèchement.

Opposant au projet dès le début, dans les années 1980, le prélat persiste dans ses critiques sur le Belo Monte, qualifiant le futur barrage hydroélectrique "d’insanité" et de "projet inacceptable et illégal". Au-delà des conséquences environnementales et sociales, l’évêque s’appuie sur les rapports de scientifiques reconnus qui n’hésitent pas à remettre en question la rentabilité économique d’un tel projet, pourtant présenté comme un "vecteur de développement de la région amazonienne".

Le président du Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) et de la Conférence des Evêques du Brésil (CNBB) déplore particulièrement la manière dont Norte Energia gère le dossier des indigènes qui vivent sur les rives du fleuve Xingu. "Norte Energia utilise tous les moyens pour faire taire les indigènes et les empêcher de manifester leur désaccord au projet, assure-t-il. Ils reçoivent pour cela des paniers de vivres, des bateaux, du carburant et des avantages qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. Comment leur expliquer que tous ces cadeaux constituent un cheval de Troie et que les accepter revient à se tirer une balle dans le pied ?"

Malgré les nombreux procès en cours, le chantier se poursuit alors que "ce sont des actions menées tant par le Ministère Public Fédéral que par des entités de la Société Civile, parmi lesquelles figure le CIMI, souligne Mgr Erwin Kräutler. Ces procès courent pour certains depuis des années sans qu’aucune suite ne leur soit donnée. Pourquoi une telle immobilité ? s’interroge t-il. Qu’il s’agisse d’omission ou de négligence, conclut-il, cela est inacceptable de la part d’un état démocratique et de droit."

Autre effet directement imputable à la déforestation, avec l'exploitation de personnes en situation de travail "esclave" dans ces zones touchées par la déforestation. L'élevage bovin arrive en tête de liste de ce triste classement. L’autre secteur d’activité particulièrement touché par le travail esclave est celui de la production du charbon. De nombreux jeunes de moins de 18 ans y vivent dans des conditions désastreuses.

apic/at

Catégorie : International

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