Signé le 22 janvier 1963 par le général de Gaulle (1890-1970) et le chancelier Konrad Adenauer (1876-1967), le Traité de l’Elysée fut le point culminant de la réconciliation franco-allemande. 50 ans plus tard, les ambassadeurs de France et d’Allemagne près le Saint-Siège font état de relations exemplaires et d’une collaboration pouvant servir de modèle aux autres pays.
Dans une interview à deux voix publiée dans "L’Osservatore Romano" du 21 janvier 2013, Bruno Joubert et Reinhard Schweppe ont notamment réaffirmé, lors d'une table ronde, l’engagement de leurs pays respectifs en faveur de la liberté religieuse.
Ce traité, a affirmé Bruno Joubert, "a servi de catalyseur aux initiatives franco-allemandes, qui ont été à l’origine de chaque grande avancée de la construction européenne". "Ce qui est essentiel au fonctionnement de ce couple franco-allemand, a-t-il poursuivi, c’est cette volonté d’avoir des compromis, de trouver à tout moment et devant les difficultés qui inévitablement surgissent devant des intérêts qui ne sont pas toujours les mêmes, de trouver par la voie du dialogue, de la discussion, la solution de compromis qui permet d’avancer".
"L’amitié entre Français et Allemands en Europe a servi plusieurs fois de modèle", a quant à lui souligné Reinhard Schweppe, mettant également en avant le rôle de modèle pour le monde de l’Union européenne dans son ensemble. Pour lui, l’UE est ainsi "un modèle efficace et sans précédent pour obtenir la paix, la stabilité et le bien-être". Et le diplomate allemand d’ajouter : "L’entente franco-allemande et l’Union européenne qui en est née sont profondément influencées par le patrimoine des idéaux chrétiens". A ses yeux, le fait qu’il n’y ait pas vraiment de chef à la tête de l’Union européenne mais des "partenaires égaux" est aussi une idée chrétienne, de même que la subsidiarité, encouragée par la doctrine sociale de l’Eglise et appliquée à l’échelle de l’Europe.
Par ailleurs, Bruno Joubert a assuré que les pères fondateurs étaient animés par "une volonté et une vision" politique, mais aussi par des convictions individuelles et notamment "la force de leur foi catholique". Il faisait notamment référence à Robert Schuman et Jean Monnet, connus pour leur engagement chrétien."Le christianisme est dans les gènes de l’Union européenne", a relevé le diplomate allemand, rappelant qu’il ne fallait pas "oublier que Pie XII (1939-1958) a ouvert la voie à l’idée européenne". "Son expérience des terribles jours de la Seconde guerre mondiale a fait que, dès le départ, dès 1945, il a au fond promu l’idée d’une union entre les pays du continent dans de nombreux discours publics", a expliqué le diplomate.
Pour Bruno Joubert, "la France comme l’Allemagne sont engagées dans la promotion des valeurs de tolérance et de liberté de conscience et la liberté religieuse est évidemment un élément central et dans notre pays constitutionnellement garanti et de longue date".
De son côté, Reinhard Schweppe a souligné que "l’Union européenne s’engage avec succès dans le monde entier en faveur de la liberté de religion et de la liberté de culte", des sujets qui tiennent particulièrement à cœur à la diplomatie du Saint-Siège. La collaboration de l’Union européenne avec les diplomates du Saint-Siège a toujours été très étroite et "caractérisée par une grande confiance, parce que sur de telles questions notre objectif est commun", a encore rappelé le diplomate allemand.
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