En intégrant l'ONU en tant que membre observateur, la Palestine rejoint le Vatican dans l'organisation internationale. Si ce dernier salue le vote, il estime que cela reste insuffisant et continue à réclamer un statut international pour Jérusalem.
Le 29 novembre dernier, la Palestine est devenue officiellement membre observateur des Nations Unies. 138 pays (dont la Belgique) ont en effet voté en ce sens; une quarantaine se sont abstenus tandis que les États-Unis faisaient part de leur réserve. Pour les Palestiniens qui ont accueilli ce large vote par des scènes de liesse, c'est un succès diplomatique et le début d'une reconnaissance internationale d'une nation. La Palestine n'a certes toujours pas droit de vote au sein de l'Assemblée générale de l'ONU mais dispose aujourd'hui d'un rang qui lui vaut des pouvoirs comparables à ceux du Vatican. Elle estime que cette évolution sémantique (l'Organisation de Libération de la Palestine, l'OLP, disposait en effet déjà de ce statut d'observateur), lui permet désormais de soutenir qu'Israël occupe, non plus des territoires mais un État.
Bien mais insuffisant
Le Saint-Siège a immédiatement salué ce vote qui "accorde aux Palestiniens une présence plus significative au sein des Nations Unies", même s'il est aussi convaincu "que ce résultat ne représente pas, à lui seul, une solution suffisante aux problèmes de la région."
Mais cette décision a également été l'occasion pour le Vatican de rappeler, dans un communiqué, "la position commune exprimée par le Saint-Siège et l’OLP dans leur accord fondamental du 15 février 2000, en faveur de la reconnaissance d’un statut spécial internationalement garanti pour la ville de Jérusalem" qui permettrait en particulier "de préserver la liberté de religion et de conscience, l’identité et le caractère de Jérusalem en tant que Ville Sainte, ainsi que le respect des Lieux Saints qui s’y trouvent et l’accès à ces mêmes Lieux Saints." Or, on le sait, cette position vaticane, qui était restée en sommeil pendant des années, "irrite" Israël qui prétend qu’il n’y a pas besoin d’un statut international pour Jérusalem, parce que ces garanties existent déjà dans la Jérusalem "réunifiée".
Un encouragement pour la paix
Le Saint-Siège estime en outre que ce vote à l’ONU doit se situer "dans le cadre des efforts visant à trouver une solution définitive, avec le soutien de la communauté internationale, à la question déjà abordée par la Résolution 181 du 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce texte a posé les bases juridiques de l’existence de deux États. Un des deux a déjà vu le jour, l’autre n’a pas été créé dans les soixante-cinq années qui ont suivi".
Le Vatican ne reconnaît pas, même indirectement, la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est, ville que les Palestiniens considèrent comme devant être la capitale de leur État, et qui a été annexée par Israël de manière illégale en regard du droit international.
À Jérusalem, le Patriarcat latin se réjouit du succès diplomatique de la Palestine à l'ONU. Il estime que cette étape marque un virage important pour satisfaire les aspirations légitimes des Palestiniens et représente un encouragement pour la paix.
Michel Sabbah, patriarche émérite de Jérusalem, ne comprend pas la position des États-Unis, qui continuent de refuser la reconnaissance de l'État de Palestine. "Je ne parviens pas à comprendre de quelle manière cette requête peut être présentée comme une initiative contre la paix. Les Églises doivent, elles aussi, prendre leurs responsabilités afin que la Terre Sainte ne devienne pas une terre de guerre", déclarait-il récemment.
Réconciliation des factions palestiniennes
De son côté, Mgr Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem, estime que "c'est une juste cause, également pour le bien d'Israël qui sera un jour capable de traiter d'égal à égal avec un autre État pour le bien de tous".
Au plan international, les observateurs du conflit israélo-palestinien espèrent que ce nouveau statut permettra aux deux parties de reprendre la voie des négociations. Parmi les autres conséquences de ce vote historique, figure la réconciliation entre les différentes factions palestiniennes, principalement entre le Fatah du président Abbas, et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Sur ce sujet, Mgr Twal note que des pas ont déjà été accomplis et que Mahmoud Abbas "est revenu comme un président qui a obtenu une victoire politique, qui a plus de crédit envers le peuple".
Pierre GRANIER (avec Apic)