Nous sommes tous des filles et des fils d’immigrés !


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Nous sommes tous des filles et des fils d’immigrés !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Editorial de Pascal André paru dans le "Dimanche Express" n°44 du 16 décembre 2012 :

Les médias s'en font rarement l'écho, mais Benoît XVI ne rate pas une occasion pour alerter l'opinion publique face aux difficultés rencontrées par les migrants. Ainsi, le 9 décembre dernier, a-t-il profité de la période de l'Avent pour lancer un appel à la solidarité avec celles et ceux qui viennent se réfugier dans les pays riches pour des raisons économiques ou politiques. "Les migrants connaissent la précarité et rencontrent souvent peu de compréhension", a-t-il rappelé dans son message, corroborant le constat fait par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans son rapport du 3 décembre dernier sur l'intégration des immigrés. En effet, si l'OCDE a enregistré de nettes améliorations dans ce domaine entre 2000 et 2010, elle estime qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les enfants d'immigrés réussissent mieux à l'école et sur le marché du travail, et pour que les femmes accèdent plus facilement à l'emploi. En Belgique, l'effort à fournir est plus important encore qu'ailleurs, puisque le taux de pauvreté des immigrés y atteint 21,9%, soit près de quatre fois celui des ménages autochtones.

Mais ce qui est plus préoccupant, c'est la façon dont nous percevons l'immigration. D'après un sondage en ligne réalisé l'an dernier par Ipsos dans 23 pays développés, la Belgique apparaît comme l'un des pays les plus hostiles à l'immigration. 72% des personnes sondées estiment que celle-ci a eu généralement un impact négatif sur notre pays et 68% pensent que les immigrés pèsent trop lourds sur les services publics. Des chiffres qui dépassent de loin la moyenne des réponses obtenues dans les autres pays, soit 52% et 45%.

Ces résultats donnent d'autant plus froid dans le dos que la Belgique est devenue, en quelques décennies, une véritable nation d'immigrants. En effet, d'après une étude réalisée par Itinera Institute, au moins un quart de la population belge actuelle a un ou deux parents nés à l'étranger, et si on remonte encore d'une génération, il reste peu de Belges à 100%. Nous serions donc tous, peu ou prou, des filles et des fils d'immigrés. Une réalité que certains auront sans doute du mal à accepter, mais dont il leur faudra pourtant tenir compte un jour, car dans un monde qui tend de plus en plus à se globaliser, les notions de frontières et de nationalités perdent peu à peu de leur sens. Se voiler la face à ce sujet, c'est comme renier sa propre famille.


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