Monseigneur Bernard Vanden Berghe a fêté récemment son centenaire au cours d'une eucharistie festive célébrée à la cathédrale en présence de sa nombreuse famille, confrères et amis. Une célébration simple mais néanmoins fervente. La joie du psalmiste était au rendez-vous, par la voix du cardinal Danneels qui a prononcé l'homélie.
A anniversaire exceptionnel, célébration exceptionnelle. Sans formalisme pour autant, car c'est l'émotion et la joie qui dominaient l'eucharistie célébrée à l'occasion des cent ans du doyen émérite. A l'autel, Mgr Vanden Berghe était entouré de Monseigneur Kockerols, Monseigneur Léonard et du Cardinal Danneels qui livra une homélie fort appréciée. Dans son style si caractéristique, simple et poétique, le cardinal s’est adressé au jubilaire avec des images bibliques, établissant un rapprochement avec Elisabeth, à la manière du psalmiste.
Voici quelques extraits de son homélie:
« ‘Notre vie peut compter 70 ans, 80 peut-être si nous sommes forts’ (psaume 90,10) dit le psalmiste. Mais le psalmiste commence à douter de son inspiration à chacun des tes anniversaires, Bernard. Il demande alors à l’Esprit Saint de pouvoir revoir son texte, mais celui-ci refuse. Cent ans Bernard ! Même un psalmiste ne s’y retrouverait plus !
Qui faut-il d’abord regarder ? Toi ou Dieu ? Toi pour te féliciter ou Dieu pour le remercier de t’avoir amené à un âge patriarcal. Je t’entends dire : regardons le Seigneur. Et en effet, nous ne sommes pas à une séance académique, mais nous sommes réunis dans la Cathédrale, ta Cathédrale, si je puis dire, pour une célébration d’action de grâce et de louange au Seigneur, qui créa le temps et les siècles et pour qui 1.000 ans sont comme un jour et un jour comme 1.000 ans.
Revenons à l’évangile que nous venons d’écouter : celui de la Visitation. Aujourd’hui tu es venu à la Cathédrale comme Marie est venue chez Elisabeth. La Cathédrale est ton Elisabeth, cette dame plusieurs fois centenaire. N’es-tu pas venu toi aussi en courant ? En courant non pas avec tes jambes mais avec ton cœur. Tu es revenu ici pour chanter le Magnificat : ‘Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son Nom’. Tu as passé une grande partie de ta vie dans la maison d’Elisabeth. Tu es même resté plus longtemps que Marie, bien plus de trois mois, tu y es resté 26 ans ! Tu as servi la Cathédrale comme pasteur et doyen avec tout ton cœur, toute ton âme et toutes tes forces. (…)
Dresser le catalogue de tes mérites et de tout le bien que tu as fait au service de notre archidiocèse, est impossible : comme directeur du collège, comme curé à la basilique et enfin curé-doyen de la cathédrale. Tout cela est noté dans le Livre de Vie de l’Apocalypse, que nous avons si souvent lu ces dernières semaines dans la liturgie.
« Il y a un temps pour tout sous le ciel », dit le sage que nous venons d’écouter. » Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour gémir et un temps pour danser… ». Aujourd’hui le temps est au rire, un temps pour se réjouir, le temps de la joie et de l’action de grâce. L’auteur sacré aurait pu ajouter : « Il y a un temps pour naître et pour être centenaire ». C’est le temps pour nous de témoigner de toutes les grâces que Dieu nous a faites, par ta présence et ton œuvre pastorale à Bruxelles. Nous rendons grâce à Dieu avec toi, pour ce long temps de ta présence parmi nous, comme notre compagnon dans notre marche vers le ciel. Merci pour ton exemple et ton œuvre pastorale. Merci aussi pour après, pour ce long temps où tu as été notre grand-père dans la foi. Reste parmi nous, le temps que Dieu réservera dans sa providence.
Reste avec nous pour nous soutenir par l’exemple de ta vie d’intériorité et de prière. Nous avons besoin de toi. Je te remercie surtout pour cet exemple d’une vie intense de prière. Que Dieu nous accorde – surtout à nous, prêtres et évêques – un long temps d’une heureuse vieillesse, pour que, après avoir travaillé dur, nous puissions jouir d’un temps de prière, pour réchauffer l’Eglise par la flamme de notre vie intérieure. Après avoir travaillé de longues années par le feu du chalumeau de notre action, que nous puissions garder vivante la petite flamme de la bougie de notre prière. Le feu de notre action apostolique ne nous a certainement pas manqué. Mais où est la petite bougie de notre prière et de la vie de notre âme ? « Toutes les choses sont bonnes selon leur temps », dit le Sage. Béni soit donc aussi le temps d’une vieillesse comme celle de Siméon, dans le temple, et, si Dieu nous en fait la grâce, en devenant centenaires. »
D’une voix bien ferme Monseigneur Vanden Berghe a remercié l’assemblée, avant une dernière bonne surprise… en effet ce ne sont pas les notes solennelles d'un aria de Bach qui clôturèrent la célébration, mais celles du traditionnel Happy Birthday entonné joyeusement par l'orgue de chœur !
© photo kerknet - BL (avec MHB)