Le projet de loi "Taubira" pour le mariage et l'adoption par des personnes de même sexe enflamme les rues de France. Pour ou contre, tout le monde manifeste. D'un côté, La Manif pour tous. De l'autre, Le Mariage pour tous. Le débat divise les français, au-delà du clivage classique sur les sensibilités religieuses et politiques. En cause, des droits de l'Homme bafoués… selon les deux parties.
La Manif Pour Tous régionale du samedi 17 novembre a rassemblé plusieurs centaines de milliers de citoyens dans toute la France. Le succès est là et s'amplifie. Une mobilisation nationale est prévue le dimanche 13 janvier, à Paris. Ce mouvement spontané et populaire veut dépasser toutes les diversités pour préserver l’unité et la parité du mariage civil et de la filiation humaine garantie par le droit civil français. Il demande notamment la suspension du projet de loi "Taubira" (du nom de la ministre française de la Justice), l’ouverture d’Etats généraux sur le mariage, la filiation et la protection de l’enfant, voire la soumission du projet de loi à un référendum. Les slogans sont forts : « Tous à Paris dimanche 13 janvier 2013 pour le mariage civil H/F (Homme-Femme) qui garantit la filiation PME (Père-Mère-Enfant), contre le projet de loi Taubira et contre la vraie homophobie ! ».
Quelques milliers de partisans du "Mariage pour tous" ont, de leur côté, manifesté les 15 et 16 décembre. Ils veulent défendre le projet de loi au nom de la sacrosainte égalité chère à la République française. "Plutôt une paire de mères qu'un père de merde", 'Les enfants d'homos n'arrivent pas par accident"… peut-on lire sur les pancartes des manifestants.
Quand les médias s'en mêlent…mal
Étrangement, La Manif pour Tous du 17 novembre avait très peu été relayée dans les médias français, à part pour dénoncer la maltraitance subie par des membres de Femen à Paris lors de cet évènement… Le mouvement féministe Femen, réputé pour ses interventions choc, avait en effet pris part à la manifestation pour contrer La Manif pour Tous. Neuf femmes de l’organisation étaient apparues seins nus (signe de reconnaissance des Femen), arborant un voile de religieuse, avec comme inscriptions sur le corps « In gay we trust » ou pire encore. D'après les médias comme France24 ou auféminin.com, "la manifestation organisée par l’institut extrémiste religieux Civitas a sombré dans la violence suite à des affrontements avec l’association ultra-féministe Femen, […] des femmes prêtes à tout pour défendre leurs idées".
La manifestation pour l'égalité du 15-16 décembre a, quant à elle, bénéficié d'une large couverture médiatique. D'après les chiffres de la police, à Paris, ils étaient 60 000 'pro-loi' le 15 décembre contre les 70 000 'anti-loi' du 17 novembre.
Parler d'égalité et de non-engagement de la part des médias serait fausser la réalité. Il est triste que dans un débat citoyen, touchant à l'ensemble d'une nation, seul une des causes soit défendue par le 4ème pouvoir.
Dans la même optique figure le traitement par la presse du message du pape Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix, dont quelques lignes étaient consacrées à la défense de la "structure naturelle" du mariage face aux formes alternatives d’unions. Ce message a suscité les réactions les plus vives au sein de la presse et sur les réseaux sociaux, notamment en Italie.
Le directeur de l'Osservatore Romano, dans son éditorial du 14 décembre, a pris la défense de Benoit XVI, affirmant que le pape indique "de façon explicite" que les "batailles" de l’Eglise ne sont pas des vérités de foi et ne dérivent pas du droit primordial à la liberté religieuse, mais sont liées aux principes "inscrits dans la nature humaine". Giovanni Maria Vian souligne également que l’action de l’Eglise contre le mariage homosexuel "n’est pas confessionnelle", mais s’adresse à toutes les personnes, quelle que soit leur appartenance religieuse.
Anne Leconte
