Les cercles de silence ont été imaginés par un franciscain français qui a vécu longtemps aux Etats-Unis. Il s’agit d’une forme de résistance « pacifique et silencieuse » pour signifier son opposition au-delà de l’expression colérique et indignée que sont les hurlements. En étant là, simplement là, et en se plaçant aux côtés des autres, dans une attitude digne mais nullement résignée, les manifestants font acte de résistance et de mémoire.
Depuis la première initiative d’Alain Richard, ce sont pas moins de 200 cercles de silence qui ont déjà réunis dans une même démarche des manifestants d’horizons bien différents : catholiques, protestants, musulmans, bouddhistes, juifs, laïques, militants politiques de toutes tendances, … À Toulouse, chaque mois depuis 2007, un cercle se réunit pour clamer – dans le silence – le cri des sans-papiers. Car ce sont eux, les grands oubliés de la société, qui sont au cœur de ce débat silencieux.
La démarche n’est pas sans faire penser aux mères de disparus de Buenos Aires, qui, des années durant, ont défilé en silence devant le siège du gouvernement… participant par ces marches silencieuses à l’érosion du pouvoir.
En Suisse, pays à l’abri des contestations, des habitants de Genève se réuniront pourtant pour la dixième fois en deux ans, avec, chevillée au cœur, la volonté de soutenir les sans-papiers. Ce sera le 15 décembre, entre midi et 13h, devant l’église du Sacré-Cœur, une manière de dénoncer les « inacceptables durcissements des politiques migratoires, véritables machines à déshumaniser ».
Angélique Tasiaux