Qui ne connaît Émile Shoufani? Régulièrement, le curé de Nazareth passe la frontière de son pays pour venir séjourner quelques temps dans le nôtre. S'en suivent conférences, rencontres, séminaires ou interviews. En 2004, le père Shoufani a même été proclamé Docteur Honoris Causa de l'UCL. À quelques jours de la fête de Noël, il revient en Belgique nous parler de ses éternelles amours: Dieu et cette terre qui l'a vu naître, la Palestine.
Imaginons qu'il y ait encore une personne sur cette planète qui ne vous connaisse pas, comment vous présenteriez-vous à elle?
Émile Shoufani, natif de Nazareth, arabe, israélien, chrétien de l'Église orientale, catholique. Pour moi, ce ne sont pas des identités, ce sont des dénominations. Je suis aussi prêtre, croyant en Jésus-Christ et témoin de l'universel; du moins, j'essaye de l'être de plus en plus.
Vous êtes aussi homme de dialogue, de paix, passeur, jeteur de ponts. Ces dénominations vous conviennent-elles également?
Oui, j'ai toujours été un passionné du dialogue, que ce soit avec la jeunesse ou avec les autres religions et autres cultures. J'aime cela et je n'ai jamais eu à me défendre de ces appartenances dans le monde où je vis.
Comment devient-on tout cela à la fois?
Ce ne sont pas simplement des données qui sont en nous, ce sont aussi des choix. J'ai choisi d'être cet homme qui peut faire le passage d'une culture à l'autre, d'une religion à l'autre, tout en voyant ce qui est beau et bon chez chacun d'entre nous. Nous avons été créés à l'image de Dieu et, pour moi, l'être humain est cette lumière unique, en communion avec tous les autres êtres humains quels qu'ils soient, quelle que soit leur religion, leur ethnie ou leur culture. Il n'y a pas d'ombre dans cette lumière, mais une unité qui rassemble toute l'humanité. Et moi, je m'adresse à cette lumière qui est présente en chaque homme, qui nous rapproche et nous unit. Tout cela est formulé en dehors de toute haine et de toute vengeance, sans chercher de coupable et de responsable.
Sylviane Bigaré
Retrouvez l'entièreté de cet interview dans le journal Dimanche du 12/12.