Rencontre avec Élie Barnavi: les religions sont-elles de retour ?


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Rencontre avec Élie Barnavi: les religions sont-elles de retour ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Réalisée par Tempora, le "bras armé" du Musée de l'Europe, l'exposition "Dieu(x), modes d'emploi" a vu le jour à Bruxelles fin 2006. Depuis lors, elle est passée par Madrid, Québec et Ottawa, accueillie partout avec le même succès. Elle se tient actuellement à Paris, au Petit Palais, et vient de donner naissance à un livre. Rencontre avec Élie Barnavi, l'homme qui est à l'origine de ce vaste projet.

Historien, ancien ambassadeur d'Israël à Paris, Élie Barnavi est le directeur scientifique du Musée de l'Europe, dont le siège se trouve à Bruxelles. Il vient de publier "Dieu(x), modes d'emploi", un livre qui accompagne l'exposition du même nom. Si celle-ci se tient actuellement à Paris, c'est dans notre pays qu'elle a vu le jour. Une initiative originale, voire unique en son genre, puisque c'est la première fois que le phénomène religieux est abordé de cette façon.

"Notre projet était non pas de proposer une nouvelle exposition d'art religieux ou d'aborder ce sujet sur le plan théologique", explique Élie Barnavi, "mais de sonder l'expérience religieuse d'aujourd'hui, c'est-à-dire de montrer la manière dont les hommes et les communautés vivent leur religion au quotidien."

Si le Musée de l'Europe s'est lancé dans cette aventure, c'est parce que nombre de nos contemporains ont perdu les clés de compréhension du phénomène religieux. "Notre objectif était de montrer que les êtres humains sont partout confrontés aux mêmes questions existentielles et éprouvent le même besoin de donner un sens à leur existence, mais que si leur quête est universelle, les modalités choisies pour son assouvissement sont innombrables", poursuit l'historien. De nombreux spécialistes ont toutefois reproché à cette exposition de ne pas du tout aborder la question de l'existence de Dieu. "Vous parlez de religion, mais on ne voit pas l'essentiel", a effectivement souvent entendu Élie Barnavi. "Mais justement, l'essentiel ne se voit pas", répond ce dernier. "C'est pour cela que nous nous sommes davantage intéressés à l'enveloppe qu'au contenu."

Pourquoi l'islam fait-il si peur aujourd'hui ?

Elie Barnavi: "Ce n'est pas l'islam en tant que tel qui fait peur, mais l'islam dans sa dimension politique et radicale. Cela ne fait d'ailleurs pas peur qu'à nous, mais également à de nombreux musulmans. Il faut effectivement savoir que l'islam radical tue beaucoup plus de musulmans que de juifs ou de chrétiens. C'est un énorme problème, comme l'Église militante en fut un pour les autres, quand elle avait le glaive politique entre les mains. On a beaucoup parlé du choc des civilisations. Je pense qu'il existe bel et bien et qu'il se déroule sous nos yeux, mais il n'oppose pas les religions entre elles. Il oppose ceux qui refusent la violence et ceux qui la prônent. La ligne de partage passe donc au milieu des différentes civilisations, et non entre elles".

Propos recueillis par Pascal André

Lire l'intégralité de l'interview dans le journal Dimanche n° 45 du 23 décembre 2012, en vente sur la boutique en ligne (https://boutique.catho.be) ou sur pressbanking (https://www.pressbanking.com/main/home).

Catégorie : L'actu

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