Editorial de Jean-Jacques Durré, paru dans le « Dimanche Express » n°40 du 18 novembre 2012 :
Le 11 novembre reste une date historique qui marque la fin du premier conflit mondial du XXe siècle. Celle qu’on a appelé la « grande guerre » fit 20 millions de morts! Elle fut hélas suivie par le second conflit qui déchira l’Europe et le monde entre 1939 et 1945, et qui restera marqué dans les mémoires comme le premier du genre à avoir planifié la mort en masse de populations sur la base d’une identité ethnique ou religieuse.
Faut-il encore commémorer, près d’un siècle plus tard, l’armistice de la guerre 14-18? Assurément, oui! Ce n’est pas un hasard ou une nostalgie « ringarde » qui a conduit le Parlement fédéral à commémorer l’Armistice comme il se doit, en y associant des enfants qui ont, pour la première fois, déposé des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu en souvenir des victimes des deux conflits mondiaux et des militaires morts en missions de paix ou en missions humanitaires depuis 1945. Car, depuis quelques années, la date du 11 novembre est celle du souvenir des deux guerres et de tous les conflits qui ont vu des êtres humains défendre la liberté.
Par ailleurs, si nous avons la chance de vivre dans une Europe en paix depuis près de 70 ans – ce qui a valu cette année au Vieux continent d’être récompensé par le prix Nobel de la paix – c’est parce que des jeunes gens, à l’époque, ont sacrifié leur jeunesse et leur vie pour défendre la liberté. Cette liberté, si chère à nos cœurs, qui contribue à notre bien-être.
En y regardant de plus près, on s’aperçoit que ces conflits meurtriers ont eu pour point de départ un sentiment d’injustice, des frustrations, des inégalités. Or, l’époque que nous traversons connaît malheureusement aussi ce même lot d’injustices sociales et d’inégalités. Il y a là le ferment idéal pour que naissent révoltes et conflits. Ce qui explique la recrudescence des mouvements nationalistes ou d’extrême droite. Il est donc essentiel que la jeune génération ne cède pas au chant de ces sirènes du malheur.
Nous vivons aujourd’hui sur une planète qui est un village, où les actes commis à un endroit ont des répercussions sur d’autres. Or, l’Évangile nous convie à être attentifs à l’autre et nous avons parfois tendance à l’oublier, tant nous sommes nous-mêmes parfois confrontés à divers problèmes. Pourtant, cette invitation à « aimer notre prochain comme nous-même » est la base du message d’amour qu’est venu nous apporter le Christ. L’évangile de ce dimanche 11 novembre nous conviait à donner, non pas de notre superflu, mais de notre essentiel pour aider. Cela s’appelle la solidarité. Si elle peut prendre différents aspects, elle est plus que jamais d’actualité!