À Namur, Rivespérance a fait le plein. Non seulement le plein de participants - ils étaient entre 1.500 et 2.000 -, mais aussi et surtout le plein d'enthousiasme; de cet enthousiasme qui donne un souffle nouveau et une saveur particulière au plaisir de se redécouvrir chrétien.
Ils ont eu 48 heures pour exprimer leurs déboires parfois, leurs attentes souvent, leurs espérances toujours… 48 heures qui ont permis à une petite dizaine d'intervenants, conférenciers et autres, ainsi qu'à presque deux mille citoyens, chrétiens pour la plupart, de se retrouver autour d'une table, devant un stand ou dans un auditoire. Tous visaient le même objectif: réfléchir ensemble à la manière de vivre sa foi aujourd'hui et d'être signe d'espérance.
"Chacun doit faire le boulot!"
Cette phrase, exprimée avec humour par l'auteure française Christine Pedotti lors de son intervention, résume à elle seule l'esprit de Rivespérance qui, ne l'oublions pas, est une initiative émanant de la base et organisée en dehors des structures de l'Église. Et la base a bien compris le rôle essentiel qu'elle a à jouer, et la responsabilité qu'elle a à endosser. Comme le rappelait encore Christine Pedotti: "L'Église, ce n'est pas ILS; l'Église, c'est NOUS. Nous, en tant que baptisés, sommes des chrétiens responsables, et pour peu que nous nous sentions impliqués, nous devons faire notre part du boulot; c'est-à-dire célébrer tous ensemble la joie d'être chrétien et témoigner. Nous vivons beaucoup d'échecs dans nos vies, échec familial, échec professionnel… Mais nous, chrétiens, nous pouvons traverser l'échec, témoigner et entendre les autres, car c'est à travers le cœur à cœur avec les autres que nous pouvons envisager un face à face avec le Christ."
Pas étonnant que les autres intervenants aient étayé ces propos, tels Hilde Kieboom de la Communauté Sant'Egidio d'Anvers: "Il y a urgence à témoigner. Tous doivent le faire et à tout âge. Tous les moyens sont à disposition, il ne manque que l'audace. Les chrétiens doivent être des aventuriers."
Maggy Barankitse, qui a "osé" sauver des milliers d'orphelins hutus et tutsis, n'a pas dit autre chose. Olivier le Gendre non plus, en appelant au réveil de l'espérance, à la place qu'il faut lui faire: "L’espérance est d’une efficacité incroyable: quand nous l’accueillons en nous, elle rejaillit à travers nous vers les autres. Elle nous habite et nous traverse, sans nous quitter, pour rejoindre ceux que nous côtoyons."
Tout ça pourquoi?
Des conférences qui alternent avec des temps de prière et d'intériorité; des ateliers d'expression qui voisinent avec des débats; des enfants, des jeunes, des familles, des seniors qui échangent, qui discutent, qui apprennent les uns des autres. Rivespérance, c'est tout cela à la fois. Mais c'est aussi un concert spirituel exceptionnel créé par Jean-Paul Dessy et donné à la cathédrale Saint-Aubain. Il en a ébloui plus d'un, et pas seulement les mélomanes! C'est enfin une grande célébration chaleureuse, joyeuse, unie dans la diversité. Toute à l'image de ce week-end qui s'est voulu rassembleur.
Laissons le mot de la fin à Peter Annegarn, un des organisateurs de Rivespérance: "Tout en étant attentif aux changements de notre temps, le chrétien doit être le sel de la terre, le ferment dans notre société contemporaine. Sans pour autant devoir s'afficher avec de grands panneaux, il doit être le témoin de l'Évangile. L'Évangile est loin d'être une vieille histoire qui n'intéresse plus personne; c'est lui qui nous rassemble aujourd'hui."
Sylviane BIGARÉ
Photo: A la conférence d'Olivier le Gendre