Réactions au livre de F. Deborsu


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Réactions au livre de F. Deborsu
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

L’Association des Journalistes Professionnels se dit pleinement concernée par l’affaire. Elle a donc tenu également à réagir. D’une part pour restituer les choses et d’autre part pour rappeler les principes qui régissent la profession.

« Dans ce tumulte, l’AJP a été naturellement interpellée. L’Association des journalistes est en effet concernée pleinement par l’affaire. Non pas pour se prononcer sur l’opportunité de l’ouvrage ou sur l’authenticité de ses révélations, mais parce que la déontologie, les méthodes et l’image des journalistes ont été mises en cause à travers le travail d’un journaliste professionnel agréé qui s’est beaucoup réclamé de son métier pour sa défense. Ces mises en cause sont venues à plusieurs reprises du public, dans la presse et sur les médias sociaux ; elles firent l’objet d’un débat télévisé à RTL-TVI ; elles donnèrent lieu à un communiqué de la SDJ de la RTBF et à plusieurs éditoriaux. Elles ont aussi amené le palais royal à prendre contact avec le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) », note l’AJP.

« Notre collègue avait évidemment le droit, comme journaliste, de cerner au plus près la personnalité de ceux qui règnent ou régneront un jour sur le Royaume. Ce droit comporte celui d’être impertinent, excessif, cinglant et de désacraliser la famille royale aux yeux des plus fervents monarchistes. Des aspects de la vie privée des membres de cette famille peuvent être révélés au public, parce qu’ils font comprendre une attitude, des liens sociaux, des silences ou des déclarations. Ou parce qu’ils interfèrent avec la vie publique : l’argent des contribuables, la capacité physique ou intellectuelle d’assurer ses tâches, les valeurs prônées dans les discours, les affinités avec les mondes politiques et communautaires, etc. », note l’association.

Pour l’AJP, l’essentiel des 300 pages de « Questions royales » relève de cette approche. Mais elle relève également quelques limites.

« Il s’y trouve aussi des révélations privées dont la pertinence en termes d’enjeux pour le pays, pour l’institution monarchique ou pour comprendre mieux le futur souverain pose… question. Même réduits à quelques paragraphes seulement, les passages sur l’« amitié intense » de Philippe avec un homme, sur son « mariage forcé », sur la naissance de ses enfants dans un hôpital spécialiste de la procréation assistée, ou sur des attouchements dont Laurent aurait été victime dans sa jeunesse relèvent-ils de l’intérêt public ? Ont-ils « des conséquences directes et une véritable influence sur notre société » pour reprendre les mots de l’auteur (p.13) lorsqu’il se justifie ? », interroge l’association qui représente les journalistes.

L’AJP rappelle son attachement au respect de la vie privée, y compris pour les personnages publics, sachant que le périmètre de leur vie privée est effectivement moins large que celui des anonymes.

Réaction aussi à la RTBF

De son côté, la RTBF, employeur du journaliste incriminé, a décidé de le retirer temporairement de l’antenne. La société des journalistes de la RTBF, elle, évoque un « profond malaise ».

Jusqu’à lundi, Frédéric Deborsu est en congé en raison de la publication de son livreAprès le week-end, il retrouvera la RTBF mais il sera retiré de l’antenne pour une durée d’un mois et affecté durant cette période au service de documentation. La Société des journalistes de la RTBF a publié un communiqué interne dans lequel elle fait part de du "profond malaise" que suscite l'affaire Deborsu: « Certes, le travail a été réalisé et édité en dehors de la RTBf, mais les critiques publiques à l’encontre de cette enquête rejaillissent immanquablement sur l’ensemble des journalistes de la maison. Nous ne pouvons qu’inviter les journalistes de la RTBf à se faire une opinion par eux-mêmes en lisant le livre incriminé. A tout le moins, la SDJ rappelle à chacun son nécessaire devoir de réserve. Les convictions philosophiques, religieuses ou politiques des journalistes relèvent de leur vie privée. Elles ne peuvent en aucun cas ébranler une nécessaire neutralité qui préside au bon exercice de notre métier. La hiérarchie info de la RTBF procède actuellement à une « analyse plus fine » du travail de Frédéric Deborsu, « à charge comme à décharge ». Le but est de vérifier si des fautes professionnelles sont imputables ou non à Frédéric Deborsu. En attendant, l’intéressé est écarté de l’antenne et affecté au service Info doc. La SDJ prend acte que cette mesure, selon la hiérarchie, « n’est pas une sanction » et a un caractère « temporaire et reconductible après un mois ». Nous serons très attentifs à ce que l’analyse du travail de notre collègue se déroule sereinement et permette en tout cas au principal intéressé de se défendre ».

Affaire à suivre…

Avec Le Soir

 

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