Prêcher la Bonne Parole


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Prêcher la Bonne Parole
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
4 min

Prêcher la Parole de Dieu, par une lecture littérale, ecclésiale ou critique de la Bible? Tel était le thème qui figurait au programme de la 46ème édition des rencontres œcuménique au Grand Séminaire de Liège. Lancée par Mgr Bonny, évêque référendaire pour l'œcuménisme, la rencontre fut menée par le P. Dominique Collin, dominicain, qui en donna la contribution principale. Œcuménique, la journée s'est poursuivie en présence d'orateurs orthodoxe, protestant (le prof. Nullens), anglican (le Rev. J. Mc Donald), tandis que le P. Thaddée Barnas de Chevetogne a donné un aperçu des principaux documents.

Mgr. Johan Bonny, évêque d’Anvers et évêque référendaire pour l’œcuménisme a introduit la journée. En guise de conclusion, le vicaire épiscopal H. Hoet du diocèse d’Anvers, a donné un aperçu des quatre interventions.
Qui prêche la Parole de Dieu, donne toujours en même temps sa compréhension de cette Parole. D’où la question du sous-titre: “Prêcher la Parole de Dieu. Une lecture littérale, ecclésiale ou critique de la Bible ?”

Le Dr. Michael Bakker, directeur de l’Amsterdam Centre of Eastern Orthodox Theology, a pris la parole au nom de la communauté orthodoxe. Il a souligné qu’il y avait un consensus entre les quatre intervenants. Les différentes lectures ne sont pas alternatives mais complémentaires: (non pas ‘ou’ mais ‘et’). Il s’agit d’une lecture de la Bible qui part du sens littéral de l’Ecriture, qui est critique et qui tient compte des interprétations de la tradition ecclésiale. Au départ de sa tradition orthodoxe, Bakker rajoute encore un quatrième élément: la ‘theoria’ ou la contemplation du sens intérieur avec le cœur et pas seulement la tête. Il a illustré le sens de prêcher la parole de Dieu au travers de deux exemples tirés de son expérience œcuménique de la pastorale carcérale : aider quelqu’un à se voir et à voir la réalité avec les yeux et selon les catégories de la Bible.

Dr. Jack McDonald, pasteur de la paroisse anglicane de SS Marta et Maria à Leuven, a donné la vision de la communion anglicane. Il a souligné que pour sa part la lecture chrétienne de la Bible dans la tradition anglicane est à la fois critique scientifique et christologique : une interprétation permet la compréhension de toute la Bible au départ de l’Evangile, à partir de Jésus-Christ.

Le Prof. Patrick Nullens, Recteur de la Faculté de Théologie évangélique à Heverlee, a tout d’abord entrepris de clarifier les étiquettes ‘évangélique’, ‘evangélical’ en ‘pentecostal’ et les réalités très diverses auxquelles renvoient ces termes. Il a souligné que dans la tradition protestante évangélique ‘l’ancrage biblique’ ne se réfère pas à une approche peu critique et anti-intellectuelle mais qu’il y place au sein de la tradition protestante-évangélique pour une lecture ecclésiale et moins individualiste de l’Ecriture. La dernière phrase d’une citation de John Wesley, par laquelle il clôturait son intervention décrit de manière éclairante la position de départ nécessaire lors de chaque rencontre œcuménique mais aussi pour toute société interculturelle ou simplement interhumaine: ‘Laissons toutes les pensées de côté, donnons-nous seulement la main’.

Ceci correspondait à la contribution principale - attribuée cette année, à un catholique – du premier intervenant, le dominicain Dominique Collin. Ce dernier est parti d’une description de la situation actuelle où d’une part certains cherchent à se replier sur des ‘vérités’ claires d’autrefois, au risque de devenir une secte mondiale, tandis que d’autres réduisent l’évangile à un ensemble de ‘valeurs’ civiles mais rendent ainsi l’Evangile insignifiant pour le monde. Proclamer la Parole de Dieu signifie pour le Père Collin : une parole d’encouragement qui invite à une rencontre – un événement imprévu qui révèle que le monde nouveau de Dieu est possible et déjà en cours.

Prêcher la Parole de Dieu c’est aider les autres à voir comment l’Ecriture est un événement d’amour auquel nous pouvons nous confier.
Cette rencontre œcuménique a démontré une fois de plus combien la recherche à partir de traditions différentes ayant une lecture et une compréhension propre de la Parole de Dieu, était enrichissante pour tous et aidait à compléter les unilatéralités de chaque tradition, au départ de ce que les autres ont vu et compris.

En même temps, une grande convergence nous touche en profondeur: la Parole de Dieu n’est pas lettre morte, n’est pas seulement une histoire du passé, un ensemble de convictions et de directives, mais une Parole vivante qui invite à se confier à Dieu, ce Dieu qui a montré son amour pour chacun dans le Christ et qui nous invite à Le reconnaître dans ses frères et ses sœurs, plus spécialement à aimer ceux qui sont dans la détresse.

CEBelgica/bl

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