Ouragan Sandy : le bilan s’est alourdi


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Ouragan Sandy : le bilan s’est alourdi
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
5 min

La vie a repris très progressivement dans les régions touchées par la passage de l’ouragan Sandy, notamment à New York. Par ailleurs, le dernier bilan humain s'est alourdi: au moins 98 personnes ont perdu la vie sur la côte Est des Etats-Unis. De nombreuses ONG confessionnelles apportent un soutien à la fois matériel et spirituel aux sinistrés.

Avec le dernier bilan humain de la côte Est, ce sont quelque 170 personnes qui ont été tuées par l'ouragan en Amérique du Nord et dans les Caraïbes. Un lourd tribut humain qui n’est, hélas que provisoire. Il pourrait encore s'alourdir à mesure que les fouilles des habitations dévastées se poursuivent. A New York, la plupart des victimes ont succombé à la chute d'arbres, ont été électrocutées par des fils trempant dans l'eau ou se sont noyées quand la crue a envahi les parties basses de la ville. D'autres ont été asphyxiées par de la fumée dégagée par des générateurs qu'elles avaient mis en marche pour pallier les coupures de courant. A Haïti, pays meurtri déjà en 2010 par un violent séisme, ils sont des milliers à être toujours les pieds dans l’eau, par manque de secours. Aux USA, des millions de personnes sont toujours privées d'électricité ou coupées du reste du monde, bloquées par les inondations ou la neige.
Les dégâts sont aussi écologiques. Ainsi, plus d'un million de litres de carburant d'une raffinerie du groupe Shell se sont déversés au large de New York après une rupture dans un réservoir provoquée par l'ouragan.

Soutien matériel et spirituel

A New York, la vie reprend peu à peu. La Bourse a rouvert, le Conseil de sécurité des Nations unies aussi tout comme les aéroports John F. Kennedy et Newark Liberty, ont repris leur activité. Seul l’aéroport de La Guardia, reste partiellement fermé. Le réseau de bus de la ville fonctionne de nouveau, mais de façon limitée, ce qui a eu pour conséquence de provoquer des embouteillages monstres. Du coup, le maire Michael Bloomberg a instauré un covoiturage obligatoire, interdisant aux voitures de se rendre à Manhattan si elles n'avaient pas à bord au moins trois personnes. Au total, plus de 500.000 foyers restaient sans électricité dans la plus grande ville américaine et plus de six millions de foyers et d'entreprises, pour la plupart dans les Etats de New York et du New Jersey, le sont également. Ces coupures d’électricité pourraient durer encore plusieurs jours, tandis que les réseaux téléphonique et ferroviaire devraient encore subir des perturbations.

Au total, quelque 10.000 soldats de la Garde nationale sont mobilisés à travers les Etats affectés par le terrible ouragan, dont les assureurs estiment, selon une évaluation préliminaire, qu'il leur coûtera de sept à 15 milliards de dollars.

Face à cette tragédie, les Américains peuvent aussi compter sur le soutien actif de nombreuses ONG confessionnelles qui s’emploient à apporter un soutien à la fois matériel et spirituel. Ainsi, en plus de la Croix Rouge et de l’Armée du Salut, des organisations comme Catholic Charities, Islamic Relief USA, les Jewish Federations of North America, le Billy Graham Rapid Response Team ainsi que la North American Mission Board de la Southern Baptist Convention se sont mobilisées, alors que les mormons ont mis à disposition leurs volumineux stocks de vivres et que les églises new-yorkaises qui ont été épargnées par les eaux offrent un toit et des repas aux victimes de Sandy.

Haïti lance un appel à la solidarité internationale

Mais, c’est en Haïti que la situation est la plus grave. Ce pays, meurtri par le violent séisme de 2010 dont il ne s’est toujours pas relevé, a lui aussi dû faire face à l’ouragan meurtrier. Sandy a fait 51 morts et une vingtaine de disparus dans le pays, tandis que des milliers de personnes se trouvaient toujours dans des abris provisoires. On estime que plus de 200.000 personnes sont sinistrées dans le pays.

Mais, une semaine après le passage de Sandy en Haïti, le gouvernement peine à établir une évaluation des dégâts causés par l'ouragan dans un pays qui panse toujours les plaies du séisme dévastateur de 2010. Les autorités haïtiennes ont lancé un appel à la solidarité internationale.

En effet, au-delà des dégâts et de la situation des sinistrés, c’est la sécurité alimentaire du pays qui est désormais problématique. Le gouvernement haïtien a décrété l’état d'urgence sur l'ensemble du pays. « La sécurité alimentaire sera la conséquence la plus grave du passage de Sandy », a souligné Johan Pelemen du bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA). Selon le fonctionnaire des Nations Unies, les intempéries ont eu un "impact désastreux" sur l'agriculture car elles sont arrivées au moment où les récoltes étaient en cours.

Une première estimation dans le secteur agricole fait état de 104 millions de dollars de pertes, selon Garry Mathieu, directeur du Conseil national pour la sécurité alimentaire (CNSA). « Dans les prochains jours, il y aura une réduction de la disponibilité alimentaire locale, ce qui va entraîner une hausse des prix des produits de base », a-t-il estimé.

Après le passage de l'ouragan, le gouvernement haïtien a annoncé qu'environ 8 millions de dollars étaient disponibles pour intervenir dans les régions affectées. « Les bailleurs ne doivent pas se tourner ailleurs et oublier Haïti qui a encore des besoins humanitaires liés au séisme, auxquels sont venus s'ajouter les conséquences de l'ouragan Sandy », a encore indiqué Johan Pelemen.

De passage en Haïti en tant qu'ambassadeur de bonne volonté du PNUD, le prince héritier Haakon de Norvège a également visité des régions inondées dans le sud, constatant que les familles ont été durement frappées. "J'espère que les partenaires internationaux d'Haïti aideront le pays à se relever de l'impact de Sandy", a-t-il espéré.

De fait, Haïti ne doit pas rester le pays oublié !

JJD

Catégorie : L'actu

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