Ne pas faire de l’homme une marchandise !


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Ne pas faire de l’homme une marchandise !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
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Editorial de Jean-Jacques Durré, paru dans "Dimanche Express" n°39 du 11 novembre 2012 :

La récente actualité socio-économique dans notre pays n’est guère réjouissante. Des crises, nous en avons déjà connues et nous en connaîtrons encore. Mais, ce qui interpelle, c’est la manière dont, notamment, les licenciements se passent : de façon brutale et apparemment sans états d’âme. Certes, il ne sert à rien de vouloir maintenir à bout de bras des industries non concurrentielles. C’est économiquement contre-productif. En période de crise ou de basse conjoncture, le licenciement est parfois, hélas, nécessaire. Mais le propos n’est pas là.

La dimension humaine qui doit impérativement accompagner l’annonce d’une perte d’emploi semble avoir disparu dans certaines grandes entreprises. Il ne faut bien sûr pas généraliser, ni être candide : annoncer une fermeture d’usine oblige celui qui le fait à vêtir une carapace qui le protègera précisément de tout remord éventuel. Bien sûr aussi, la direction locale, elle-même, peut être touchée. La décision est souvent prise au sommet, dans un autre pays, par des responsables pour qui le facteur humain se résume à des chiffres.

Quoiqu’en dise les économistes et les financiers, l’humain est donc bel et bien devenu une marchandise comme les autres. Or, il devrait constituer l’élément central de l’économie. On rétorquera à juste titre que la vocation d’une entreprise n’est pas l’emploi, mais bien le profit pour ses actionnaires qui ont pris le risque d’investir. Dans son encyclique "Caritas in Veritate", publiée en 2009, au début de la crise, Benoît XVI lui-même indiquait que "le profit est utile si, en tant que moyen, il est orienté vers un but qui lui donne un sens relatif aussi bien quant à la façon de le créer que de l’utiliser". Mais, concernant la place centrale de l’Homme dans l’économie, il précisait que "le chômage entraîne des aspects nouveaux de non-sens économique". De fait, les conséquences du chômage sont nombreuses: désocialisation, dépendance vis-à-vis de tiers, culpabilité, stress… pour n’en citer que quelques-unes. Cela influence inévitablement la personne, mais aussi son entourage familial et social, créant d’importantes souffrances, voire de véritables drames humains. Avec d’importants dégâts sur le plan psychologique et spirituel. Pour Benoit XVI, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser. "En effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale", insiste-t-il. Des paroles toujours et plus que jamais d’actualité.

 

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