Les salésiens menacés de faillite


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Les salésiens menacés de faillite
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min


La congrégation catholique des salésiens pourrait devoir rembourser quelque 130 millions d’euros dans une affaire d’héritage. La congrégation est menacée de faillite. Le cardinal Tarcisio Bertone, lui-même salésien, a admis le 13 novembre 2012 avoir été "arnaqué" lors des négociations qu’il a menées en faveur de sa congrégation.

Dans une lettre destinée au juge datée du 24 septembre et publiée par la presse italienne le 13 novembre 2012, le cardinal Bertone, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, constate "amèrement" avoir été floué par les "comportements ambigus" de Renato Zanfaglia, l’avocat de la "Fondation Gerini". L’affaire commence en 1990, à la mort d’une figure de la noblesse romaine, Alessandro Gerini. La "Fondation Gerini", reconnue par le Saint-Siège en 1967 et étroitement liée à la congrégation des salésiens, hérite de son immense patrimoine. Les neveux d’Alessandro Gerini décident cependant d’engager une procédure judiciaire pour contester l’exécution testamentaire. Au fil des ans, plusieurs médiateurs se mêlent de cette affaire. L’un d’eux, l’homme d’affaire Carlo Moisè Silvera, devient le négociateur privilégié des neveux. Il parvient, avec l’avocat de la "Fondation Gerini", Renato Zanfaglia, à convaincre l’économe des salésiens d’accepter un accord pour clore la cause judiciaire.

Un patrimoine "gonflé"?
Dans le cadre de l’accord, la fondation accepte, en 2007, de verser 16 millions d’euros, dont 5 millions aux neveux du marquis et le reste à leur négociateur, Carlo Moisè Silvera. Après réévaluation du patrimoine, le chiffre revenant au modérateur s’élèvera pourtant à 99 millions.
Mais la fondation refuse de payer. Carlo Silvera demande alors la réquisition des biens pour un total de 130 millions d’euros, avec les intérêts. Dès lors, les salésiens portent plainte pour escroquerie. Mais, après enquête du tribunal de Rome, la justice déclare la procédure valide et demande que la plainte soit classée. Les salésiens ont confirmé qu’un procès de réquisition était en cours pour cette somme et n’ont pas démenti le risque de faillite.

L’avocat de la fondation de mèche avec le médiateur
Une audience au tribunal de Rome devait décider le 13 novembre 2012 du sort de la "Fondation Gerini". Mais l’audience a été ajournée, indique l’agence d’information salésienne. Le juge se réserve le choix de la date du verdict, probablement dans quelques jours. Selon le quotidien italien "Il Corriere della Sera", l’arnaque viendrait de l’entente entre Carlo Silvera et Renato Zanfaglia. Ce dernier aurait gagné la confiance de l’économe de la congrégation, le père Mazzali, et celle du cardinal Bertone. De mèche avec le médiateur, il les aurait ainsi dirigés vers de mauvais choix, bénéficiant aux neveux d’Alessandro Gerini.

Dissimulation d’éléments
Dans sa lettre, le cardinal Bertone accuse Renato Zanfaglia de lui avoir caché deux aspects importants de l’affaire, le conduisant à donner son accord à un processus en défaveur de sa congrégation. Selon le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, l’avocat lui aurait caché l’absence de légitimation juridique de Carlo Moisè Silvera, ainsi que l’inexistence de titre permettant de revendiquer l’héritage de la part de la famille Gerini et du médiateur. "Je n’ai découvert que plus tard, explique le prélat, que la valeur du patrimoine avait été gonflée démesurément".

apic/imedia


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