La philosophe française Sylviane Agacinski, épouse de l’ancien Premier ministre français Lionel Jospin, a donné une conférence particulièrement remarquée lors de la 87e Semaine sociale, consacrée au thème « Hommes et femmes, la nouvelle donne ». Sous le titre « Les métamorphoses de la différence », son intervention a porté sur la recherche technico-scientifique contemporaine et ses conséquences morales.
Selon la philosophe, la théorie du genre ne se fonde plus sur la différence des sexes, mais bien sur une différence de sexualité. « Il s’agit de promouvoir la différence entre hétérosexualité et homosexualité, comme si cette différence était pertinente et comme si la norme hétérosexuelle devait s’effacer ». Or, les sexes ne sont pas « interchangeables », a rappelé Sylviane Agacinski, même si l’hétérosexualité « pèse souvent sur ceux qui ne peuvent la vivre ».
Elle n’a pas hésité à mettre en garde contre « les conséquences des procréations par insémination au sein des couples de femmes ». Celles-ci imposent « une fiction de conception désexualisée qui n’est pas vraisemblable » et « risquent d’imposer le droit d’occulter l’autre sexe dans la conception de ces enfants et de les empêcher d’avoir accès à leur origine réelle ». D’où la nécessité de défendre les enfants à naître qui « ne sont pas représentés politiquement mais dont nous devons défendre les droits en commençant par ne pas les mettre intentionnellement dans des situations particulièrement complexes ».
Sylviane Agacinski s’est clairement prononcée à propos de « la gestation pour autrui », que certains couples d’hommes pourraient être amené à revendiquer, en rappelant que la grossesse n’est pas une fonction mais un état : « transformer la gestation en travail rémunéré ou indemnisé, c’est déshumaniser la maternité et faire de l’enfant une marchandise qui devient un produit fini, livré à sa sortie de fabrication ».
la Croix/at