Tous les baptisés et les confirmés d’un diocèse devraient être impliqués de manière raisonnable dans la nomination d’un évêque. C’est ce que suggère Mgr Martin Werlen, membre de la Conférence des évêques suisses.
Mgr Werlen n'est pas un évêque comme les autres. D'une part parce que c'est en tant que père-abbé d’Einsielden, une abbaye territoriale fondée au Xe siècle dans le canton de Schwytz mais ne relevant d’aucun diocèse, qu'il a le titre d'évêque et siège donc à la Conférence des évêques suisses. D'autre part, ses idées pour redonner un nouvel élan à son Église ne manque pas de sel. Exprimées lors d’un exposé le 21 octobre dernier à Einsielden, pour l’ouverture de l’Année de la foi, ces suggestions sont reprises dans une brochure intitulée "Découvrir ensemble la braise sous la cendre". L'abbé pense avoir trouvé la manière de rallumer le feu de la pratique chrétienne. Certaines de ces idées sont formulées de manière un peu outrancière. Mais l’Abbé assume, concevant son initiative comme un point de départ pour une discussion large à l’intérieur de l’Eglise.
Ainsi, au sujet de la nomination des évêques, l’Abbé Werlen pense que "ce devrait être une évidence pour l’Eglise du 21e siècle, que les baptisés et les confirmés des diocèses concernés soient impliqués de manière raisonnable dans le processus de nomination". Le Père Abbé d’Einsiedeln évoque la procédure dans les diocèses de Bâle et de Saint-Gall comme un modèle possible. Dans ces diocèses, les catholiques ont voix au chapitre au moins indirectement pour la nomination de l’évêque.
Pour des cardinaux "laïcs"
L’Abbé bénédictin suggère aussi l’ouverture de la fonction de cardinal. "Par exemple, des personnes du monde entier, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes pourraient être appelés au sein de ce collège pour cinq ans". S’ils se rencontraient tous les trois mois par exemple avec le pape, cela pourrait apporter une autre dynamique dans la direction de l’Eglise. Selon l'abbé suisse, de tels cardinaux pourraient relancer le débat sur l’organisation de l’Eglise, parce qu’ils auraient une autre vision que les cardinaux actuels qui peuvent dire, ou taire, quelque chose par peur pour leur propre carrière…
Selon le code de droit canon, n’importe quel catholique masculin peut devenir cardinal, sans même être prêtre. Mais dans la pratique, seuls les prêtres et les évêques sont nommés cardinaux.
L'abbé progressiste a par ailleurs indiqué que la vie conjugale, et pas seulement le célibat, était aussi un chemin possible pour suivre Jésus-Christ. Et que sur la question du gender, l’Église se montre toujours "maladroite et impuissante", en ayant toujours de la peine avec le “oui” à la femme".
P.G. (avec Apic et La Croix)
Photo: © Conférence des évêques suisses