Des manifestants, en majorité de tendance libérale et laïque, ont incendié les sièges du Parti de la liberté et de la Justice (PLJ), formation issue des Frères musulmans, à Suez, Ismaïliya et Port Saïd. Une façon de protester contre le président islamiste Mohamed Morsi, qui vient de renforcer sa mainmise sur tous les rouages de l’Etat, sous prétexte de "protéger la révolution".
L’opposition exhorte "l’ensemble du peuple égyptien et les forces de la révolution" à "résister à ce coup contre-révolutionnaire (…) par des manifestations pacifiques dans toutes les régions du pays".
Porte-parole de l’Eglise copte catholique d’Egypte, le père Rafic Greiche est très inquiet : "L’Egypte fait face à un grave danger. Les Frères musulmans disposent désormais de tous les pouvoirs : ils contrôlent le législatif, l’exécutif et le pouvoir judiciaire. Personne ne peut les arrêter maintenant". En s'attribuant tous les pouvoirs, Mohamed Morsi "verrouille le pouvoir des Frères musulmans et des salafistes". Selon le prêtre catholique, les Frères musulmans suivent "un plan précis" afin que l’Egypte devienne un pays basé sur la charia, le droit islamique".
Désormais les instances judiciaires ne seront plus autorisées à surveiller les activités du Conseil de la Choura (chambre consultative du Parlement) et de la Commission constitutionnelle chargée de mettre au point la loi fondamentale du pays. Mohamed Morsi, qui a limogé le procureur général de la République Abdel Mahmoud, a également ordonné de revoir les enquêtes sur les crimes commis par des partisans de l’ancien régime lors de la Révolution de 2011, notamment les violences contre les manifestants de la Place Tahrir. Et il a augmenté les indemnités versées aux familles des "martyrs de la Révolution". Le père Greiche y voit des mesures prises pour distraire l’opinion publique des réelles intentions du leader islamiste.
Le prêtre estime qu’à l’heure actuelle, ce sont les libéraux qui récolteraient la majorité des voix auprès de l’électeur égyptien. "Les islamistes sont désormais en minorité, et c’est la raison pour laquelle ils ne veulent pas de nouvelles élections", assure-t-il. De son côté, Mohamed el-Baradeï, l’un des leaders de la tendance laïque, relève que le président Morsi a "usurpé tous les pouvoirs de l’Etat pour s’autoproclamer nouveau pharaon d’Egypte".
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