Le XIV sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Kinshasa (RDC) n’a pas vraiment mis l’accent sur les aspects culturels. Les débats ont surtout été politiques avec, au centre des discussions, la situation dans l’est du Congo et au Nord Mali. Sans oublier les déclarations du président François Hollande concernant les droits de l’homme en RDC… Ce qui lui a valu une réponse cinglante de Joseph Kabila !
Inutile de rappeler que l’Afrique est l’avenir de la francophonie, particulièrement la République Démocratique du Congo qui est le plus grand pays du continent africain. Au lendemain de la clôture du XIV° sommet de la Francophonie qui a eu lieu à Kinshasa du 12 au 14 octobre - le premier à se dérouler en Afrique centrale et en particulier dans la région des Grands Lacs -, chacun tire un bilan de ces trois jours de travaux auxquels ont participé une vingtaine de Chefs d’Etat et de gouvernement.
Parmi les thèmes abordés, figuraient la crise au nord du Mali et les derniers développements de la crise au Nord Kivu, dans l’est de la RDC où, depuis la fin du mois d’avril dernier, a été enregistré un mouvement de 260.000 nouveaux évacués ayant abandonné leurs villages pour fuir les violences du groupe rebelle M23 et des autres milices armées présentes sur le territoire. A ce chiffre, il faut ajouter 60.000 autres personnes ayant franchi la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda. Au Nord Kivu, aujourd’hui, le nombre des évacués atteint quelque 700.000 personnes, pour un total de 2 millions pour l’ensemble du territoire de RDC.
Les projecteurs du sommet ont été particulièrement pointés sur le président français, François Hollande, qui a créé, dès avant son arrivée à Kinshasa, la polémique avec le gouvernement congolais par ses déclarations sur les manquements au niveau des droits humains, de démocratie et de reconnaissance de l’opposition dans le pays. Dans son discours, le président congolais, Joseph Kabila n’a pas manqué de lui répondre, en rappelant que « la RDC n’est absolument pas complexée par son niveau de démocratie, de liberté ou par sa situation en matière de droits humains ».
On aurait pu croire que ce bras de fer entre deux présidents aurait terni le sommet. Il n’en a rien été. L’appel du président français à la non- violation des frontières congolaise de la part de nations étrangères - faisant implicitement référence au Rwanda de Paul Kagamé - a été fortement apprécié à Kinshasa, abaissant de facto la polémique.
Le Sommet a finalement accueilli la requête de la RDC de lancer un appel au Conseil de Sécurité de l’ONU afin d’imposer des sanctions ciblées contre les groupes opérant dans l’est du Congo. Seul, lle Rwanda a émis des réserves sur ce point. D’autres points en discussion ont concerné les crises au Mali, à Madagascar et en Guinée Bissau.
L’Organisation de la Francophonie (OIF) rassemble les pays de langue française (avec l’importante exception de l’Algérie) et différents Etats associés des cinq Continents. Et si la Francophonie est née au départ officiellement avec des buts culturels et éducatifs, le sommet de Kinshasa a démontré qu’elle voulait prendre une dimension plus politique.
Précisons encore que la capitale du Sénégal, Dakar, a été unanimement choisie pour abriter le prochain sommet, en 2014. Ce qui n’a pas manqué de réjouir le président sénégalais Macky Sall, qui a vu dans ce choix unanime « un hommage à la démocratie sénégalaise ».
JJD (avec Fides)