Une "messe des nations" a clôturé dimanche 30 septembre l’assemblée plénière du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe réunie pour quatre jours dans la cité suisse de St-Gall. Jamais depuis le concile de Bâle au XVe siècle, un nombre aussi important de cardinaux et d’évêques ne s’étaient réunis en Suisse. Parmi les interventions marquantes, soulignons encore celle de Mgr Léonard pour qui l'Europe a besoin surtout d'idéal et de prophètes.
Dans son homélie, Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, a bien sûr évoqué la figure de Gallus dont le diocèse et le canton célèbrent en 2012 le 1400e anniversaire de l’arrivée. Il a été le fondement d’une foi et d’une culture chrétienne qui s’expriment encore aujourd’hui. Pour l’évêque, le témoignage de Gallus montre que l’Eglise a encore sa place dans un monde sécularisé. Mgr Büchel a cependant fait sien l’avertissement du cardinal Carlo Maria Martini récemment décédé et qui fut notamment président du CCEE : "Les bien culturels dont nous devons prendre soin servent-ils vraiment l’annonce vers les gens ? Ou bien accaparent-ils nos forces nous empêchant de nous mouvoir quand les difficultés nous oppriment ?”
Cette question du cardinal sera aussi centrale pour le prochain Synode des évêques à Rome consacré à la nouvelle évangélisation. "J’espère et je prie pour que toutes les réflexions et les efforts pour la nouvelle évangélisation soit accompagnés d’une grande confiance dans la force agissante de l’Esprit Saint et par le souci de découvrir ou se trouvent les hommes d’aujourd’hui", a noté Mgr Büchel. Beaucoup de gens ont faim de valeurs capables de les porter.
Mgr André Léonard : "L'Europe a besoin d'un idéal.
Au centre des réflexions et discussions, figurent les défis posés à l’Europe en ces temps de crise économique et sociale, le devoir permanent d’évangélisation. Le cœur humain, plus que de prospérité économique ou d’enjeux politiques, a besoin d’un idéal. C'était l’avis exprimé par Mgr André Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles. S’exprimant devant la presse, au 2e jour de la rencontre du CCEE, l’archevêque de Malines-Bruxelles a tracé en quelques lignes sa vision de la crise en Europe. L’Europe est aujourd’hui en crise, économique, monétaire, politique. Pour les évêques européens une chose au moins est claire: Tout va trop vite. En lançant l’union monétaire avant d’avoir atteint une certaine unité politique et spirituelle et d’avoir ainsi un enracinement solide, on a pris les choses par le mauvais bout.
Sans la dimension de la transcendance qui le dépasse, l’homme ne peut pas se comprendre lui-même, car il est plus que simplement un être individuel et social, souligne Mgr Léonard. Si en Europe, les gens perdent leur intérêt pour la politique, cela vient du fait que les dimensions humaines et culturelles du projet européen ont été perdues de vue. L’homme ne vit pas seulement de liberté et de bien-être. Il est profondément investi par un idéal, note Mgr Léonard.
L’année de la foi célébrée dans l’Eglise en 2012-2013 doit porter des fruits par le témoignage concret auprès de personnes concrètes, souligne Mgr Léonard. Une des chances d’atteindre en particulier les jeunes passe par les événements culturels. A travers de telles occasions, les jeunes sont plus disponibles pour saisir la beauté de la création. "Nous avons besoin d’événements qui parlent au cœur !" Si l’Eglise fait face aujourd’hui à un vent majoritairement contraire, à travers des signes d’un laïcisme militant ou d’une presse agressive, c’est aussi une occasion magnifique de montrer sa foi aux autres. L’indifférence est pire pour l’Eglise que l’hostilité ouverte. Savoir contrer parfois avec une certaine provocation peut être profitable lorsqu’on parvient à parler aux gens avec la "foi du cœur".
Apic/BL