Mgr Nicolas Djomo Lola, évêque de Tshumbe se dit « heureux » de participer au synode pour la Nouvelle évangélisation, il était déjà présent au synode pour l’Afrique en 2009. Pour l’évêque, l’Eglise doit « suivre l’évolution d’un monde qui change, en prendre acte », sans reculer. En marge du synode, le président de la Conférence épiscopale de la RDCongo (Cenco) a préféré parler de « malcroyance » plutôt que de déchristianisation en parlant de son pays. Au synode il a insisté sur l’engagement politique et social de l’Eglise congolaise médiatrice et au service de la doctrine sociale.
S’exprimant devant les journalistes lors d’un point presse lundi 15 octobre, le président de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo parle d’autorité, en homme pour qui la foi implique de « ne pas reculer », pas même devant les menaces de mort, qui « font partie intégrante de la mission » : c’est aussi le cas d’autres évêques, comme à Bukavu, un siège épiscopal qui a vu disparaître tragiquement plusieurs de ses pasteurs. « C’est la logique de la croix du Christ », souligne-t-il en souriant.
Un synode pastoral
Mgr Djomo Lola, qui était déjà présent au synode sur l’Afrique en 2009, est très frappé par la diversité des situations vécues dans l’Eglise universelle : « Ce synode touche des réalités concrètes », dit-il, « il est très pastoral ». « On s’interroge sur les raisons – pourquoi les chrétiens partent ou ne viennent pas ? – et sur les réponses à donner ». La question de la nouvelle évangélisation concerne aussi le Congo: « tous les pays sont confrontés à cette question, elle n’est pas propre aux Européens », résume t-il.
Il espère que cette diversité sera aussi exprimée dans les Propositions que le synode remettra au pape Benoît XVI au terme de ses débats. « Toutes ces expériences sont très enrichissantes », s’enthousiasme l’évêque congolais, qui se dit particulièrement attentif à celles des chrétiens en pays musulmans, en particulier en Afrique de l’ouest et au Moyen-Orient car, même si les musulmans sont actuellement une très petite minorité au Congo, des programmes d’islamisation du pays existent déjà, explique-t-il.
Réagir à la « malcroyance »
« Au Congo, pays à grande majorité catholique, on ne peut pas parler de déchristianisation forte, observe Mgr Djomo Lola, même si l’on voit apparaître des pans de sécularisation ». Par ailleurs, les gens sont croyants, mais on assiste à une certaine « hémorragie » dans l’Eglise. « A cause de la misère », les fidèles sont à la recherche de solutions immédiates à leurs problèmes concrets. Les sectes, qui offrent un accueil chaleureux et des réponses illusoires, prolifèrent. Il faut donc réagir à cette « malcroyance » par « une pastorale adaptée » : mettre au point d’abord « une pédagogie catéchétique », pour « garder les chrétiens dans la foi catholique, de façon vraie, et les aider à affronter leurs difficultés ».
Du côté de la Doctrine sociale
Dans son pays, marqué par les guerres et par une grande instabilité à l’Est, où l’exploitation illicite des ressources minières est dominée par des bandes armées, « la misère est immense », explique Mgr Djomo Lola. L’évêque se désole que les ressources, qui devraient permettre le développement du Congo, fassent le malheur des populations. Il est « urgent » d’appliquer la doctrine sociale de l’Eglise», affirme-t-il, afin de « contribuer à la paix, à la croissance économique, au respect des droits de l’homme, à l’instauration d’une vraie démocratie ».
Le courageux évêque s’est même rendu à Washington, pour demander une règlementation de l’exploitation des mines (2000 sociétés américaines font du commerce avec les groupes armés, précise-t-il). S’il a été entendu aux Etats-Unis, ses appels à Toronto n’ont pas connu le même succès.
La Conférence nationale des évêques de la République démocratique du Congo est réputée pour ses interventions courageuses, en particulier lors des dernières élections. Majoritaire et proche du peuple, l’Eglise catholique, très engagée, « est estimée par la population » et « écoutée par les dirigeants », poursuit le président de la Conférence épiscopale.
Il faut développer la doctrine sociale, insiste l’évêque de Tshumbe, pour « restaurer la dignité des personnes ». L’Eglise du Congo est aussi aux côtés des femmes victimes des viols collectifs, utilisés comme armes de guerre, dans la région du Kivu. Des foyers d’accueil et des hôpitaux ont été créés pour elles, dans les diocèses de l’Est, et une visite pastorale a été organisée là-bas en septembre dernier. Dans les milieux ruraux enfin, où la pauvreté pousse les parents à scolariser leurs fils au détriment des filles, l’Eglise encourage la création d’écoles pour celles-ci et l’alphabétisation des femmes.
B.L. avec zenit