L’indignation ne doit pas rester sans réponse


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L’indignation ne doit pas rester sans réponse
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
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Editorial de Jean-Jacques Durré, paru dans "Dimanche Express" n°34 du 7 octobre 2012 :

Il y a peu, nous avions écrit que, si le mouvement des Indignés avait cessé, l’indignation n’avait pas pour autant disparu. De fait, ces derniers jours nous ont, hélas, donné raison. En Espagne, au Portugal, en Grèce, les manifestations ont repris, avec parfois des heurts violents entre manifestants et force de l’ordre. Il n’y a d’ailleurs pas qu’en Europe que ce phénomène gagne en ampleur. Israël a aussi dû faire face à un important mouvement de colère. En cause toujours : la crise qui pousse les États à adopter des budgets de rigueur, avec à la clé son lot de mesures difficiles mais nécessaires, qui malheureusement fragilisent les plus faibles.

Au-delà du seul constat, il importe maintenant de se poser deux questions : comment en est-on arrivé là (ceci afin que les erreurs du passé ne se reproduisent plus) et quelles solutions faut-il dégager pour remédier à une situation qui risque de dégénérer? De toute évidence, il faut reconnaître que, dans les origines de la crise, on trouve un manque de vision politique à long terme. Le projet européen est certes ambitieux et positif à bien des égards, mais il a avancé sans que sa dimension sociale suive. Par ailleurs, le Vieux Continent n’a peut-être pas vu que le monde autour de lui évoluait. Le phénomène de mondialisation et le développement de certains pays – dont on doit se réjouir – auraient dû interpeller, afin de provoquer des réactions pour rester dans la course.

L’indignation qui ne cesse de grandir ne doit pas être prise à la légère. Croire que le temps calmera les choses est utopique. Déjà, le mouvement des Indignés se fait plus violent, entraîné dans cette voie par des groupuscules extrémistes. Il est donc nécessaire de réagir au risque sinon de connaître une explosion sociale sans précédent. Il faut apporter des réponses et ce n’est pas facile.

Pour trouver des solutions à la crise, qui soient équitables, il est essentiel de replacer l’être humain au centre de nos préoccupations. C’est ainsi que l’on pourra rétablir la confiance qui est aujourd’hui sérieusement entamée, si pas détruite. Confiance envers les États et le monde politique, confiance dans nos institutions… Bref, confiance dans l’avenir. Les présidents des 33 conférences épiscopales d’Europe, réunis en Suisse le week-end dernier, n’ont rien dit d’autre. "Le cœur humain, plus que de prospérité économique ou d’enjeux politiques, a besoin d’un idéal", ont-ils souligné. On ne peut qu’acquiescer.


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