Un rapport "accablant" d’une mission d’enquête sur la situation des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile vient d'être publié, à la suite d’une mission d’enquête sur leurs conditions de vie en Libye. Lors d'une mission en juin dernier, des membres d'organisations internationales de défense des droits de l'homme et des migrants ont visité sept camps de détention à Tripoli, Benghazi et dans la région de Djebel Nafoussa. Leurs constats sont terrifiants.
La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Migreurop et Justice sans frontières pour les migrants (JSFM) ont lancé un appel aux Etats africains pour qu’ils exigent des autorités libyennes la libération de leurs ressortissants internés dans des "camps d’enfermement", où ils subissent des traitements "inhumains et dégradants". Ils invitent également les pays africains à condamner toutes les pratiques et attitudes xénophobes qui stigmatisent les ressortissants de l’Afrique subsaharienne en Libye.
Le rapport dénonce les violations flagrantes et généralisées des droits humains fondamentaux des immigrés, pris au piège de milices incontrôlées dans le pays. Les migrants d’Afrique subsaharienne, qui entrent en Libye par le sud, sont souvent victimes de réseaux de passeurs, d’extorsions de fonds et de violences, abandonnés dans le désert ou refoulés aux frontières. En Libye, les étrangers considérés comme "illégaux" risquent d’être capturés au passage de check points ou arrêtés à leur domicile ou sur leur lieu de travail par des katibas (groupes d’ex-rebelles), hors de tout contrôle des autorités gouvernementales.
Les arrestations se font d'après le "faciès" et les migrants d’Afrique subsaharienne sont les premiers visés, sur un fond de "racisme très prégnant", poursuit le rapport. Ils survivent dans des cellules surpeuplées. Les sorties à l’air libre sont exceptionnelles pour ceux qui subissent au quotidien "l’arbitraire et la brutalité des gardes".
Lors de leur mission, les enquêteurs de la FIDH, de Migreurop et de JSFM ont découvert que des employeurs extérieurs, avec la complicité des gardiens des camps, recrutent des migrants détenus pour travailler sur des chantiers ou dans des exploitations agricoles. Ces méthodes de recrutement s’apparentent à du travail forcé.
Le rapport montre également comment la Libye a été intégrée au dispositif européen visant à externaliser les contrôles des frontières pour empêcher les arrivées de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile sur le territoire européen, et comment ce dispositif est en cours de renouvellement dans le cadre de négociations avec les nouvelles autorités libyennes. Le rapport dénonce le rôle de l’Union européenne et de ses Etats membres, dans la définition et la mise en œuvre des politiques migratoires en Libye.
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