Le prix Nobel de la paix a été attribué, vendredi 12 octobre, à l'Union européenne (UE), pour avoir "contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe", a annoncé le comité Nobel.
Surprise ! À une période où la solidarité des 27 États européens est mise à l'épreuve pour tenter de surpasser les crises économiques et financières qui étranglent les pays du sud de l'Union Europééenne, cette dernière vient de se voir attribuer le prix de Nobel de la paix. "Le comité Nobel norvégien souhaite mettre en avant ce qu'il considère comme le résultat le plus important de l'UE: la lutte réussie pour la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme", a indiqué M. Jagland, président du Comité de ce prix Nobel, précisant que l'UE avait permis de faire passer l'Europe "d'un continent de guerre vers un continent de paix".
Ce prix doit donc être considéré comme "un message adressé à l'Europe pour qu'elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour préserver ce qu'elle a réalisé et pour aller de l'avant", a ajouté Thorbjorn Jagland, qui est par ailleurs secrétaire général du Conseil de l'Europe et partisan d'une adhésion de son pays (la Norvège) à l'UE. Créée par six pays en 1957 dans le cadre du traité de Rome, la communauté européenne est progressivement passée d'une union économique à une union politique constituée désormais par 27 États mais dont ne fait pas partie … la Norvège où siège le comité du prix Nobel de la paix. Ce pays, classé au premier rang de l'indice de développement humain établi par l'ONU, a même refusé par deux fois (en 1972 et 1994) d'intégrer l'Union européenne. Ce qui ne l'a pas empêché de prospérer, notamment à ses richesses en hydrocarbures.
Réactions
A la suite de cette annonce, l'Allemand Martin Schulz, président du Parlement européen, a été le premier à réagir, se disant "profondément ému et touché" par cette distinction, tandis que le Belge Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a exprimé sa fierté. Aux yeux de ce dernier, l'Union européenne est "la plus grande force de paix de l'Histoire".
L'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, a estimé quant à lui que cette distinction était un "message à la fois moral et politique". Moral dans la mesure où "on salue des pays qui, renonçant à leur attitude d'hier, ont fait la paix entre eux". Et un message politique "à un moment où il y a beaucoup de critiques, beaucoup de statistiques, de pronostics défavorables à l'Europe", a-t-il expliqué en soulignant que "tous les chefs de gouvernement et toutes les populations qui s'intéressent à l'Europe vont prendre cela pour un encouragement".
Le Cardinal Reinhard Marx, Président de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE), s’est aussi réjoui de cette distinction. "C’est un signal clair qui vient confirmer que l’Europe – selon les mots de Jean Monnet – peut être une contribution à un monde meilleur. En dépit de tous les problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés en Europe, cette récompense nous rappelle à quel point l’intégration européenne a contribué au développement pacifique de notre continent et quelle part substantielle y ont pris les chrétiens qui se sont engagés politiquement au service de ce projet."
Le prix sera officiellement remis le 10 décembre à Oslo.
Pierre GRANIER
