Les billets de Mgr Léonard au synode


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Les billets de Mgr Léonard au synode
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
5 min

Présent à Rome durant les trois semaines du synode sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne (7-28 octobre), Mgr Léonard a régulièrement pris la plume pour livrer son point de vue personnel sur ce qui se dit et s'échange au cours de l'assemblée des évêques. Dans les deux derniers rapports (5 et 6 ci-dessous), l'archevêque fait part de ses enthousiasmes, des ambiances de coulisses, des difficultés aussi que les Pères synodaux rencontrent dans l'élaboration du Message final ou des 58 propositions remises au pape. Après ces trois semaines de travail intense, l'heure n'est pas aux vacances pour l'archevêque qui se prépare à reprendre son bâton de pèlerin à l'occasion des visites pastorales qu'il compte poursuivre dans l'archidiocèse… la nouvelle évangélisation continue sa route!

Rapport Synode 5

"Ces derniers jours, le climat est fort différent au Synode. L’interminable série des interventions de 5 minutes en Aula s’est quand même, finalement, … terminée ! A commencé, ensuite, le peaufinage du Message final. Travail laborieux, mais fructueux. On a supprimé des redondances, amélioré certaines expressions, ajouté quelques précisions. Mais l’ensemble reste un texte dynamique et stimulant, habité par un souffle indéniable. Il fut approuvé ce matin avec enthousiasme par l’assemblée. Pour ma part, j’ai beaucoup travaillé à l’amélioration de la traduction française de l’original italien. Aujourd’hui encore, Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême et académicien, nous a aidés à formuler d’ultimes corrections.

La préparation des « propositions » à présenter au Saint-Père a été beaucoup plus pénible, en raison même de la procédure. Ce sont les 12 « circuli minores », répartis en 5 langues, qui préparent des propositions sur base des textes présentés par les membres de ces « cercles ». Les projets de propositions ainsi recueillis sont ensuite « malaxés » par un groupe de « relateurs » qui en tirent, par décoction, un répertoire simplifié, contenant 57 propositions. Alors que le Message est travaillé par un petit groupe et possède un rédacteur final, ce recueil de propositions émane de multiples sources disparates. Il y manque nécessairement l’unité de pensée et de style. Autant dire que le travail subséquent, consistant à améliorer par des amendements ces 57 propositions, n’était pas spécialement enthousiasmant ! Je suis curieux de voir ce que sera le résultat de la deuxième opération de « malaxage » réalisé par le groupe « ad hoc ». Peut-être, la grâce aidant, sera-ce finalement un texte de haute inspiration. Chi vivrà vedrà ! De toute manière, demain, le tour sera joué…

Cette semaine un peu moins chargée a été pour moi l’occasion de quelques agréables « extras » : une visite au Collège Belge de Rome ; la participation à la prise de possession de l’église de saint Antoine de Padoue par son éminent protecteur, notre compatriote, le Cardinal Julien Ries ; l’inauguration, dans l’église de sainte Agathe des Goths, d’une belle plaque commémorative en souvenir du Bienheureux Columba Marmion, qui y fut ordonné prêtre, avant de devenir, un peu plus tard, moine à Maredsous ; et la messe célébrée, ce matin, près de la tombe de saint Pierre, avec le Séminaire Notre-Dame de Namur en pèlerinage ; en attendant, ce soir, la rencontre avec la colonie belge de Rome à l’Ambassade de Belgique auprès du Saint-Siège."

Rapport Synode 6 (et dernier)

"Très agréable rencontre hier soir à l’Ambassade Belgique auprès du Saint-Siège ! Après une brève présentation de quelques points essentiels du Synode et la réponse à quelques questions, ce fut pour moi une grande joie de retrouver quelques Belges de Rome que je n’avais plus vus depuis des années déjà et de faire connaissance avec d’autres.

Ce matin du samedi 27 octobre, ce fut la dernière assemblée générale du Synode. Elle commença par l’achèvement, sans passion, de la lecture des 58 « propositions » (une de plus qu’au début !) à remettre au Saint-Père. Propositions rédigées en latin et prononcées détestablement par des secrétaires, soit ignorant les accents toniques du latin, soit le prononçant avec l’intonation très (trop ?) typique de leur langue maternelle ! Un supplice… En fin de matinée, ces propositions furent votées l’une après l’autre avec des majorités écrasantes, mais sans enthousiasme. Certes, chacune de ces propositions dit quelque chose de vrai. Heureusement ! Mais c’est une vérité sans beauté et sans grande inspiration. À la différence du Message final, habité par un bel élan, ces 58 thèses sont d’une aridité presque académique. Le Saint-Père a cependant permis que leur version anglaise non officielle soit rendue publique par le Service de presse du Vatican. Je doute fort qu’on parle beaucoup ce soir dans les chaumières… Quant au Message, il avait déjà été imprimé, la nuit même, en cinq langues, par la Librairie vaticane. Un exploit ! Mais cela en valait la peine.

Le Saint-Père était présent au début de la matinée. Visiblement plus alerte que les jours précédents. Après un sympathique mot de remerciement à lui adressé par le cardinal Monsengwo, Benoît XVI a pris la parole pour remercier à son tour, avec gentillesse et humour, les divers acteurs du Synode. Il a aussi expliqué ce qui l’avait poussé à créer 6 nouveaux cardinaux en complément du Consistoire du 18 février dernier. Le Synode avait été marqué, a-t-il commenté, par une grande internationalité et une forte présence des autres continents que l’Europe. Il a donc tenu à le conclure en annonçant la création de 6 « porporati » brillant, notamment, par leur caractère extra-européen : 3 Asiatiques (un Libanais, un Philippin et un Indien), 1 Latino-américain (Colombie), 1 Africain (Nigeria) et 1 archevêque de la Maison pontificale, originaire de l’Amérique du Nord. En même temps, mais cela il ne l’a pas souligné, celui lui permettait, compte tenu des cardinaux qui auront atteint 80 ans juste avant le Consistoire du 24 novembre prochain, de porter, pour cette date, le nombre des cardinaux électeurs à …120, ce qui est le nombre requis. Si j’ose dire : d’une pierre deux coups !

C’est donc avec beaucoup de bonheur que les Pères synodaux et les autres participants au Synode ont quitté l’Aula quelques heures plus tôt que l’horaire prévu. Car le confort de l’Aula synodale est très relatif et il est, à la longue, éprouvant de rester ainsi assis, durant des heures, serrés comme des sardines dans une boîte.

Il ne reste plus qu’à concélébrer, demain 28 octobre, la messe de clôture avec le Saint-Père. Après une nuit en principe reposante, puisque nous aurons dormi, en principe, une heure de plus que d’habitude, grâce au passage à l’heure d’hiver. Repos le très bienvenu en ce qui me concerne, avant d’entamer le 2 novembre une nouvelle visite pastorale, cette fois dans le doyenné d’Aarschot. De la nouvelle évangélisation en perspective !"

BL


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